Côté chinois comme à Taïwan, on veut préserver la paix

17:1515/10/2024, Salı
AFP
Des drapeaux rouges sont visibles sur une plage de l'île de Pingtan, le point le plus proche en Chine de l'île principale de Taïwan, dans la province chinoise du Fujian (sud-est), le 15 octobre 2024.
Crédit Photo : ADEK BERRY / AFP
Des drapeaux rouges sont visibles sur une plage de l'île de Pingtan, le point le plus proche en Chine de l'île principale de Taïwan, dans la province chinoise du Fujian (sud-est), le 15 octobre 2024.

"Une guerre ne serait bonne pour personne": du côté de la Chine continentale comme de Taïwan, les habitants restent sereins et appellent à préserver la paix, au lendemain d'exercices militaires de Pékin autour de l'île.

La Chine a envoyé lundi des avions de chasse, des bombardiers et des navires de guerre autour du territoire insulaire qu'elle revendique, en signe
"d'avertissement"
contre les
"séparatistes"
– un message adressé aux autorités taïwanaises jugées favorables à l'indépendance.

Mais à Pingtan, l'endroit de Chine continentale le plus proche (126 kilomètres) de Taïwan, les petits commerçants espèrent un climat plus détendu entre Pékin et Taipei, notamment pour relancer l'économie locale. Dans ce lieu touristique où beaucoup de Chinois viennent rêver d'une réunification avec l'île, les personnes interrogées par l'AFP n'ont pas souhaité donner leur nom complet, pour ne pas être identifiées, signe que le sujet reste sensible.

Pingtan est situé dans la province du Fujian (est), dont la population entretient des liens culturels, linguistiques et familiaux très proches avec les Taïwanais.

Au bord d'une plage, un vendeur de sandales et de seaux déclare que les Taïwanais venaient autrefois nombreux ici.


Mais les déplacements entre le continent et l'île sont devenus plus compliqués. À côté, dans un quartier commercial où sont vendus des produits détaxés venus de l'île, de nombreux commerces sont portes closes.
"Les relations bilatérales ont des répercussions sur les affaires"
, soupire Mme Chen, propriétaire d'un magasin.
"Avant, c'était très animé ici. Mais ces dernières années, la situation s'est dégradée"
, explique-t-elle à l'AFP.

"La même famille"


Malgré les tensions, Mme Chen se dit optimiste quant aux perspectives de réunification entre Taïwan et la Chine continentale.
"Ce serait en vertu du concept -un pays, deux systèmes- et cela n'aurait donc pas d'incidence sur notre commerce de produits détaxés"
, déclare-t-elle. Elle fait référence à la doctrine de Pékin selon laquelle Taïwan serait en mesure de conserver son système politique, même après une réunification.

Sur l'île de Nangan, contrôlée par les autorités taïwanaises mais située à moins de 30 kilomètres des côtes chinoises, un patron de restaurant décrit les manœuvres de lundi comme de
"l'intimidation"
de la part de Pékin.
"On ne peut pas dire qu'on est habitué. On espère que la paix soit préservée dans le détroit de Taïwan, car c'est un facteur crucial pour le développement, des deux côtés"
, déclare Chien Chun-te, 46 ans.

Les habitants de Chine continentale et de Taïwan font "partie de la même famille", déclare à l'AFP Chen Sai-ching, un agriculteur.
"La guerre n'est bonne pour personne."
Il ne croit pas à une attaque de Pékin, du moment que les dirigeants du Parti démocrate progressiste (DPP), au pouvoir à Taipei et aux positions traditionnellement pro-indépendance,
"ne les provoquent pas"
.

Rêve de réunification


À Pingtan, aucun signe des exercices militaires de la veille n'était visible mardi. Propriétaire d'un restaurant près de la côte, Hu Fengping dit s'inquiéter, occasionnellement, d'un conflit armé.
"Bien sûr, je pense à la guerre. Je vois aux infos d'autres endroits où il y a des guerres, où des enfants meurent. Mais je ne pense pas que cela arrivera en Chine"
, déclare-t-elle.
"Une guerre aurait des répercussions sur tout le monde (...) Cela affecterait aussi le commerce"
, explique-t-elle.

Sur une plage voisine, un passant se montre davantage va-t-en-guerre, faisant écho à la déclaration de la Chine qui affirme qu'elle n'abandonnera
"jamais"
l'option du
"recours à la force"
pour conquérir Taïwan.
"Bien sûr qu'il y aura une réunification"
, déclare à l'AFP M. Tao, un touriste âgé de 30 ans.
"Peu importe que ça se fasse par la force ou pacifiquement"
, ajoute-t-il.

Les dirigeants taïwanais affirment que l'île est déjà indépendante de facto et le président Lai Ching-te s'est engagé la semaine dernière à défendre la souveraineté du territoire. Du côté de Pékin, on accuse les autorités insulaires de vouloir creuser la séparation culturelle entre l'île et le continent et on répète que l'unification est
"inévitable". "Tous les désaccords et les conflits actuels disparaîtront dès que nous serons réunis",
veut croire M. Tao.
"Et c'est ce qui va arriver."

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