Biden devant le Congrès, pour insuffler un peu de son optimisme à une Amérique désabusée

17:547/02/2023, mardi
MAJ: 7/02/2023, mardi
AFP
Le président américain, Joe Biden. Crédit photo: MANDEL NGAN / AFP
Le président américain, Joe Biden. Crédit photo: MANDEL NGAN / AFP

Convaincre une Amérique désabusée qu'il est l'artisan de sa prospérité retrouvée et le garant de ses succès futurs: Joe Biden, qui envisage de se représenter en 2024, prononce mardi un discours de politique générale aux enjeux conséquents.

Le "discours sur l'état de l'Union" ou "State of the Union Address" est la longue allocution annuelle par laquelle, depuis des décennies, chaque président américain décrit son bilan et expose ses projets face au Congrès, en janvier ou février.


La Constitution oblige le locataire de la Maison Blanche à informer de temps en temps les parlementaires. Cette obligation s'est muée en grand rituel de la vie politique américaine, avec son lot de déclarations solennelles, d'ovations dans les travées du parti présidentiel et de mines consternées dans le camp adverse.


Tout ceci prend évidemment un relief particulier quand monte à la tribune un président, le plus âgé de l'histoire américaine, qui envisage de briguer un second mandat.


2024


A 80 ans, Joe Biden aura fort à faire pour convaincre ses compatriotes qu'il est leur meilleure option, maintenant et potentiellement à la présidentielle de 2024, face à un Donald Trump déjà parti en campagne.


Devant un Congrès dont l'une des chambres, celle des représentants, est désormais aux mains de l'opposition républicaine, le
"principal message
(sera)
que nous devons encore faire des progrès, mais que les gens doivent se sentir optimistes"
, a dit lundi le principal conseiller économique de Joe Biden, Brian Deese.

Le président démocrate a les chiffres pour lui: croissance robuste, chômage faible, créations d'entreprises en pagaille et inflation qui se calme après avoir éprouvé durement les ménages.


Mais les statistiques ne font pas le ressenti. Malgré les énormes investissements et réformes votés à l'initiative de Joe Biden, 62% des Américains estiment que leur président n'a
"pas fait grand-chose"
voire
"rien fait ou presque"
depuis janvier 2021, selon un sondage Washington Post/ABC.

Le camp démocrate lui-même ne manifeste aucun enthousiasme pour une nouvelle campagne de son patron octogénaire. Le même sondage révèle que 38% des électeurs démocrates souhaitent une autre candidature.


Ukraine et Chine


Joe Biden, ce modéré peu doué pour les envolées oratoires, ne se laisse jusqu'ici pas atteindre par le marasme et continue de répéter, sur tous les tons, qu'il n'a
"jamais été aussi optimiste"
pour la première puissance mondiale, et cela malgré les périls internationaux qui s'accumulent.

Il y a un an, s'exprimant devant le Congrès juste après l'invasion de l'Ukraine, il avait promis à ses compatriotes que
"tout irait bien"
. Cette fois, alors qu'approche le premier anniversaire de la guerre, Joe Biden ne devrait pas se priver de vanter son rôle moteur dans la riposte occidentale face à la Russie, et plus largement sa vision de
"leader du monde libre"
face aux autocraties.

Et en particulier face à la Chine, que les Etats-Unis accusent d'avoir envoyé un ballon
"espion"
au-dessus de leur territoire, aéronef finalement abattu samedi.


Au-delà de l'économie et de la géopolitique, Joe Biden voudra aussi, comme c'est l'usage, balayer un vaste éventail de sujets.


La liste des invités de la Maison Blanche, diffusée mardi, en donne un aperçu.


Seront par exemple présents les parents de Tyre Nichols, jeune homme afro-américain victime de violences policières à Memphis, l'ambassadrice d'Ukraine, le chanteur et activiste Bono, des personnes ayant survécu à un cancer, un couple de lesbiennes, le père d'une victime d'overdose au fentanyl -- ce puissant opiacé de synthèse qui fait des ravages aux Etats-Unis...


Mais aussi l'un de ces
"héros"
que l'Amérique aime célébrer, Brandon Tsay, qui avait désarmé l'auteur d'une fusillade meurtrière ayant frappé la communauté d'origine asiatique en Californie. Ou encore une Texane qui a failli mourir des suites d'une fausse couche, les médecins ayant refusé de la traiter de peur de violer une loi limitant l'avortement.

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