ÉDITION:

Crevettes, oléoduc Chauffé, mines d'Or: Trois luttes pour l'environnement

11:3918/09/2024, بدھ
AFP
L'activiste ougandais Abdulaziz Bweete, 26 ans, à travers les barreaux de la fenêtre de son bloc scolaire en racontant sa vie en prison à Kampala, en Ouganda, le 27 août 2024.
Crédit Photo : BADRU KATUMBA / AFP
L'activiste ougandais Abdulaziz Bweete, 26 ans, à travers les barreaux de la fenêtre de son bloc scolaire en racontant sa vie en prison à Kampala, en Ouganda, le 27 août 2024.

Daniel lutte contre des crevettes d'élevage en Indonésie, Abdulaziz contre un immense oléoduc chauffé, Alex contre des mines d'or illégales. Tous ont subi, à des degrés divers, la répression ou la violence.

Le dernier comptage mondial a été publié juste avant qu'un autre défenseur de l'environnement, Juan Lopez, soit abattu à la sortie de son église au Honduras le week-end dernier. Près de 200 militants écologistes ont été tués en 2023, selon l'ONG Global Witness, la plupart en Amérique du Sud.


Voici trois histoires parmi ceux qui survivent.


En Indonésie, contre des élevages de crevettes


Les menaces ont commencé sur WhatsApp pour Daniel Frits Maurits Tangkilisan. Après s'être installé comme enseignant et agent de voyage dans les îles Karimunjawa, au large de la côte nord de Java en Indonésie, il découvre en 2017 la prolifération de fermes illégales de crevettes.


Les rejets de ces fermes tuent les algues et éloignent la faune marine, explique-t-il, tout en déplorant les poursuites judiciaires qui continuent de le viser.


"Pourquoi aurais-je peur ? Après avoir subi des intimidations, pourquoi reculer ? Chacun doit défendre son foyer"
, affirme-t-il.

Originaire de Jakarta, il contribue en 2022 à la création du mouvement #SaveKarimunjawa, qui organise des manifestations et appelle à l’adoption d’une loi interdisant les élevages de crevettes dans des zones protégées.


Rapidement, il reçoit des menaces via WhatsApp avant d’être agressé. D’autres militants sont menacés de mort.

En décembre 2023, il est arrêté, accusé de tenir des discours haineux, avant d’être condamné en avril à sept mois de prison ferme et à une amende. Il est acquitté en appel, mais le procureur a fait appel, et la décision finale reviendra à la Cour suprême.


Cependant, son combat porte ses fruits, selon lui, car après des inspections gouvernementales récentes, de nombreuses installations illégales ont dû fermer.
"Si vous abandonnez ou reculez, vous dites adieu à votre avenir"
, dit-il.

En Ouganda, contre un oléoduc chauffé


Abdulaziz Bweete a souffert, enfant, des inondations à Kampele, dans la banlieue de Kampala, la capitale ougandaise.
"Mais cela ne m'intéressait pas de savoir ce qui causait les inondations"
, raconte-t-il.

Deux événements ont galvanisé le jeune homme, âgé aujourd'hui de 26 ans: son entrée à l'université et la réponse du gouvernement aux manifestations pour la lutte contre le dérèglement climatique.


Avec d'autres étudiants, il a manifesté près du parlement en juillet contre le projet de gigantesque oléoduc chauffé EACOP, développé par TotalEnergies pour transporter du pétrole d'Ouganda jusqu'à l'océan Indien en traversant la Tanzanie.


Abdulaziz et plusieurs de ses camarades ont été arrêtés, inculpés de rassemblement illégal et écroués dans la prison de haute sécurité de Luzira, avant d'être relâchés en août. Lui et d'autres manifestants affirment avoir été battus par des policiers.


"La prison, c'est vraiment un enfer"
, dit-il.
"On n'a aucune liberté de manifestation dans ce pays"
, poursuit-il, en lançant des regards inquiets autour de lui, sur le campus de son université.

La police réprime souvent durement les manifestations en Ouganda, où le président Yoweri Museveni est au pouvoir depuis quatre décennies.


"Il est impossible de séparer la politique du changement climatique"
, insiste Abdulaziz Bweete, qui n'hésite pas à ajouter:
"Si nos dirigeants étaient bons, nous aurions de bonnes politiques climatiques."

En Équateur, contre la déforestation et les mines illégales


"Aujourd'hui, la situation est particulièrement critique dans nos territoires."
Deux ans après avoir été couronné par le Prix Goldman 2022, le Nobel des défenseurs de l'environnement, Alex Lucitante lance à nouveau un cri d'alarme.

Déforestation, mines illégales polluant les rivières, menaces des groupes armés... Ce leader de la communauté indigène Cofan, à la frontière entre l'Équateur et la Colombie, avait remporté une victoire juridique historique contre l'industrie minière, avec l'annulation par la justice locale de 52 concessions de mines d'or attribuées par l'État équatorien sans avoir consulté ni informé la communauté.


Il a organisé la riposte contre les chercheurs d'or, en mettant sur pied une garde indigène, des patrouilles et un système de drones de surveillance pour collecter les preuves des violations de leur territoire.


Pourtant,
"la destruction continue d'avancer tout autour de nos terres, et les menaces sont plus fortes"
, s'alarme Alex Lucitante, qui confie avoir été récemment menacé après avoir rendu publique une nouvelle intrusion illégale et prédatrice sur les terres de son peuple.

"Tout cela se passe sous les yeux des institutions et de la force publique"
, qui ont parfois des liens avec les acteurs illégaux opérant dans la zone, dénonce-t-il, appelant les gouvernants du monde à enfin écouter
"la voix des indigènes"
et leur cri pour
"la défense de la vie".

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