Chaque jour, les humains ingèrent, inhalent, ont la peau en contact avec des microparticules de plastique (moins de 5 millimètres). Elles sont dans l'air, dans de l'eau, des aliments, des emballages, des textiles synthétiques, mais aussi des pneus ou des cosmétiques.
Ces dernières années, chez les humains, des microplastiques ont été détectés dans les poumons, le foie, le placenta et, en dernier lieu, le sang. C'est la conclusion d'une étude néerlandaise parue en 2022 dans la revue Environnement International.
Si des scientifiques appellent à la prudence au vu de son petit échantillon, cette présence de microplastiques interroge sur leur acheminement dans les organes par le système sanguin.
Pour l'heure, les données restent lacunaires quant aux effets réels sur la santé de l'exposition aux microplastiques, cocktail complexe de polymères et d'additifs chimiques, auquel peuvent s'ajouter divers contaminants par un effet "cheval de Troie".
"Depuis une dizaine d'années, il y a de plus en plus de recherches"
sur l'impact des microplastiques même si,
"comme pour le réchauffement climatique, on s'y est mis tardivement car ce sont des changements insidieux"
, a déclaré à l'AFP le toxicologue Xavier Coumoul, pilote de l’équipe Inserm Metatox. Et d'expliquer:
On ignore si notre niveau d'exposition induira à long terme des maladies chroniques ou aiguës, (mais) on peut se poser légitimement la question.
En effet, des recherches chez l'animal ou in vitro ont détecté des effets au niveau cellulaire (hausse de l'inflammation, du stress oxydatif, de la mortalité cellulaire, etc).
"Sur des tissus de poumons humains et de souris, nous avons observé un effet inhibiteur du développement, après avoir placé des fibres plastiques à l'intérieur d'organoïdes sortes de mini-poumons issus de cellules"
, a ainsi raconté à l'AFP Barbro Melgert, de l'université de Groningue (Pays-Bas).
L'effet semblait provenir
"de quelque chose de chimique fuyant du plastique. Mais nous ne savons pas quel produit était impliqué c'est très difficile à déterminer, surtout à de faibles quantités"
, a ajouté cette experte de la sphère respiratoire et des microplastiques.
Le rôle de la forme, de la taille, du type de plastique et d'additif reste mal connu.
Dernièrement, des chercheurs ont tenté de déterminer le mouvement de microplastiques de différentes formes et tailles, avec des respirations lentes ou rapides. Ils tendent plus ou moins à s'accumuler dans la cavité nasale ou à l'arrière de la gorge, selon leur étude de modélisation, parue mardi dernier dans Physics of Fluid.
Parallèlement aux effets sur la santé, une grande incertitude demeure aussi sur le niveau exact d'exposition aux microplastiques.
"Pour les gens ordinaires, nous ne savons pas vraiment combien de microplastiques nous absorbons. Il n'y a pas beaucoup d'études et nous avons besoin d'études de plus longue durée"
, selon Barbro Melgert.
Un rapport choc de l'ONG WWF avait estimé, en 2019, qu'un être humain ingère et inhale jusqu'à 5 grammes de plastique par semaine, l'équivalent d'une carte de crédit.
Ses résultats et sa méthodologie ont été contestés, et d'autres travaux ont certes évoqué ensuite des estimations bien moindres, mais certains chercheurs comme Mme Melgert redoutent tout de même que les microplastiques constituent une
.
Comme
"nous continuons à produire du plastique massivement"
, la chercheuse néerlandaise alerte sur un potentiel
pour l'exposition humaine.
La lutte contre la pollution du plastique a cependant franchi un pas début juin à Paris: après cinq jours
, 175 pays ont décidé d'établir une
d'un futur traité d'ici à leurs prochaines négociations, en novembre au Kenya.
Et, d'ores et déjà, chacun ferait mieux de limiter son exposition aux microplastiques, jugent les experts interrogés, par
.
Ils suggèrent de ventiler son logement au maximum, ne pas manger dans des contenants en plastique, éviter les textiles synthétiques, etc.
Mieux vaut prendre ses précautions car
"pour les pesticides ou d'autres molécules, on a mis parfois beaucoup de temps pour identifier les risques pour l'être humain à long terme"
, prévient M. Coumoul.