Togo: l'opposition vent debout après le report des législatives

18:174/04/2024, jeudi
MAJ: 4/04/2024, jeudi
AFP
Le Présidetn de la République du Togo, Faure Gnassingbé,
Crédit Photo : Media X / Archive
Le Présidetn de la République du Togo, Faure Gnassingbé,

L'opposition togolaise a vivement réagi jeudi au lendemain de l'annonce du report des élections législatives et régionales prévues initialement le 20 avril, alors que l'agitation politique a gagné le pays depuis l'adoption d'une nouvelle Constitution fin mars.

Ce report
"est un signe de mépris pour les candidats qui se sont préparés et qui ont engagé des frais énormes, c'est une fuite en avant",
a déclaré Brigitte Adjamagbo-Johnson, coordinatrice de la Dynamique pour la majorité du peuple (DMP, regroupement de partis politiques de l'opposition et d'organisations de la société civile).

Mercredi, le chef de l'État Faure Gnassingbé, au pouvoir depuis 2005 à la suite de son père qui a occupé la magistrature suprême pendant près de 38 ans, a annoncé par communiqué le report des élections législatives et régionales prévues le 20 avril.

"Le gouvernement procèdera à un léger réaménagement du calendrier des élections législatives et régionales",
a indiqué le communiqué de la présidence mercredi, également lu sur la télévision d'État, sans pour autant préciser de nouvelle date.

La raison de ce report électoral est
"la demande du chef de l'État de procéder à une deuxième lecture de la loi de révision constitutionnelle votée le 25 mars en vue d'une nouvelle délibération de l'Assemblée nationale".

Le 25 mars, les députés togolais avaient adopté en première lecture une nouvelle Constitution visant à faire passer le pays d'un régime présidentiel à un régime parlementaire.

L'opposition craint que le nouveau texte, qui confère à l'Assemblée nationale le pouvoir d'élire directement le président et le chef du gouvernement, ne laisse la voie libre à la prolongation du président Faure Gnassingbé à la tête du pays.


"Les Togolais sont en colère et ils veulent que ce projet de loi constitutionnelle soit purement et simplement retiré",
a déclaré à l'AFP Nathaniel Olympio, président du Parti des Togolais (PT), qui estime que le pouvoir est
"en train de créer du désordre dans ce pays".
Ajoutant:

Les Togolais sont vigilants. Cette fois-ci, ce coup d'État constitutionnel ne passera pas.

Les élections législatives et régionales étaient censées se tenir en décembre, puis avaient été fixées au 12 avril avant d'être reportées au 20 avril.


L'opposition, qui avait boycotté les dernières législatives de 2018, a prévu de participer massivement au scrutin cette année.


"Une Assemblée nationale dont le mandat est terminé et qui est en instance de renouvellement imminent ne peut pas se permettre de procéder à une révision aussi importante de la loi fondamentale"
, a expliqué David Dosseh, porte-parole du Front citoyen Togo debout (FCTF, le grand regroupement de la société civile).

Parcours législatif


La réforme constitutionnelle a déjà suscité des tensions, les gendarmes togolais ayant interrompu une récente conférence de presse organisée par une trentaine de partis d'opposition et de groupes de la société civile, seulement 48 heures après l'adoption de la nouvelle Constitution en première lecture par les députés.


Le ministre togolais de la Fonction publique, Gilbert Bawara, a défendu la seconde lecture du texte à l'Assemblée jeudi matin sur une radio privée locale.

"Le circuit législatif relatif à cette réforme constitutionnelle n'est pas encore achevé
", a-t-il déclaré, ajoutant croire que les législatives seront organisées "sur la base de la réforme constitutionnelle actuelle".

Les tensions politiques au Togo s'inscrivent dans une Afrique de l'Ouest secouée par des coups d'État au Mali, en Guinée, au Burkina Faso et au Niger, et le terrorisme, également présent dans le nord du Togo.


Faure Gnassingbé a joué à plusieurs reprises le rôle de médiateur entre les pays où ont eu lieu des coups d'État et les instances régionales comme la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (Cedeao).


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