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Sénégal: s’attaquer aux pertes post-récolte pour une sécurité alimentaire

Un hackathon s’est tenu les 8 et 9 novembre à Dakar, dans le cadre du projet Accélérer les impacts de la recherche climatique pour l’Afrique (AICCRA) du Groupe consultatif pour la recherche agricole internationale (CGIAR).

12:27 - 10/11/2023 Cuma
MAJ: 14:45 - 10/11/2023 Cuma
APANEWS
Crédit photo: SEYLLOU / AFP
Crédit photo: SEYLLOU / AFP

Plus que dans d’autres parties du monde, la faim est une triste réalité en Afrique. Dans le continent noir, où l’agriculture n’a pas encore atteint un niveau standard, les pertes post-récolte aggravent la vulnérabilité des populations.


Notées entre la culture dans les champs et la consommation des aliments, les pertes post-récolte sont identifiées, dans le cadre du projet "
Accélérer les impacts de la recherche climatique pour l’Afrique (AICCRA)"
du Groupe consultatif pour la recherche agricole internationale (CGIAR), comme
"un défi majeur au cœur de la sécurité alimentaire et du développement socioéconomique"
.

Au Sénégal, pays dans lequel l’agriculture représente 15,5 % du PIB national et emploie plus de 22 % de la population active, la situation alimentaire et nutritionnelle oscille entre la phase 1 (minimal) et la phase 2 (sous pression). Mais plusieurs de ses 14 régions pourraient basculer, sans mesures correctives, dans la phase 3 (crises) d’après le Réseau de Prévention des Crises Alimentaires (RPCA).

Une perspective sombre qui s’explique notamment par les pertes post-récolte
"atteignant au Sénégal 12 à 40 % et touchant l’ensemble de la chaîne de valeurs agricoles. Les secteurs les plus impactés sont les céréales, les protéagineux, l’horticulture et l’élevage (en particulier la filière du lait). Au total, c’est près de 100 milliards F CFA de pertes annuelles qui compromettent la stabilité de la production alimentaire et de la croissance économique"
, a précisé le CGIAR.

Ainsi, différents maillons de la chaîne de valeurs post-récolte ont été analysés, pour les cultures sélectionnées (maïs, riz, sorgho, mil, fonio, arachide, niébé, tomates, pommes de terre, mangues, patates douces), à savoir le transport, le stockage, la transformation et la distribution.


L’analyse de la situation met en évidence des contraintes dans la chaîne post-récolte des cultures étudiées et caractérise les principaux défis auxquels sont confrontés les acteurs de la production alimentaire au Sénégal à savoir des contraintes liées à la manipulation, aux conditions de stockage et à la logistique et coordination dans la chaîne d’approvisionnement alimentaire.

En Afrique de l’Ouest, plus globalement, les pertes post-récolte sont la cause d’une
"baisse de 15 % des revenus des agriculteurs et des autres acteurs de la chaîne de valeurs"
. C’est dans ce contexte que s’inscrit le hackathon organisé dans la capitale sénégalaise les 8 et 9 novembre 2023.

La science au service de l’agriculture


L’objectif est de
"promouvoir un avenir résilient face aux enjeux climatiques grâce à l’innovation"
en facilitant
"une collaboration fructueuse entre divers acteurs clés (producteurs agricoles, transformateurs agroalimentaires, agroindustriels, universitaires, chercheurs…) dans le but de concevoir des solutions innovantes et résilientes sur le plan climatique, tout en tenant compte du genre"
.

Panéliste en marge du concours, Dr Abdrahmane Wane, représentant en Afrique de l’Ouest de l’Institut international de recherche sur l’élevage (ILRI), a rappelé que,
"dans la Déclaration de Malabo de 2014, les chefs d’État africains s’étaient engagés à réduire de moitié le volume des pertes post-récolte d’ici 2025"
. Mais
"jusque-là, 5 pays seulement sur les 54 du continent sont arrivés à produire des données probantes sur l’état de ces pertes et à proposer des solutions"
, a souligné M. Wane, expert en système de production animale.

Au niveau macro, a-t-il expliqué,
"il y a des pertes post-récolte liées à des problèmes structurels comme l’existence de routes en mauvais état, l’absence de grandes infrastructures de stockage,…"

Tirant les leçons de la pénurie récente d’oignons au Sénégal ayant fait flamber les prix sur le marché, Dr Abdrahmane Wane a invité
"l’État et le secteur privé à investir"
davantage dans les infrastructures de stockage. Car, a assuré le représentant régional d’ILRI,
"des sites de conservation auraient permis de gérer la production et de lister les paramètres de marché (prix, volume…) de sorte à ce qu’il n’y ait pas les hausses de prix observées"
pour l’oignon durant cette période.

"Dans les exploitations rurales, des solutions innovantes, perçues comme de la technologie ou des changements de pratiques, d’organisations… peuvent être trouvées afin de permettre aux cultivateurs de subir moins de pertes post-récolte"
, a suggéré M. Wane, au niveau micro.

Au-delà du hackathon, quatre panels autour des thèmes
"la perspective de genre dans le développement de projets agricoles"
,
"la structuration de filière comme moyen stratégique de lutter contre les pertes post-récolte"
,
"l’utilisation des données et du digital comme levier d’innovation pour réduire les pertes post-récolte"
et
"le soutien et le financement de l’innovation agricole"
ont rythmé les deux jours de réflexion à l’initiative du CGIAR.

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