Nouvelle Nakba? Des experts alertent sur le plan de déplacement des Palestiniens de Gaza

La rédaction avec
10:0030/01/2025, jeudi
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La proposition de Trump de déplacer les Palestiniens de Gaza soulève des inquiétudes, comparée à la Nakba, avec des risques de nettoyage ethnique et de tensions régionales.
Crédit Photo : DHA / Archive
La proposition de Trump de déplacer les Palestiniens de Gaza soulève des inquiétudes, comparée à la Nakba, avec des risques de nettoyage ethnique et de tensions régionales.

Une récente proposition du président américain Donald Trump, visant à déplacer les Palestiniens de Gaza vers des pays voisins comme la Jordanie et l’Égypte, suscite de vives inquiétudes parmi les analystes politiques et les dirigeants du Moyen-Orient. Ce plan, qui soulève des risques de nettoyage ethnique, a été fortement critiqué.

Dans une déclaration la semaine dernière, Trump a qualifié Gaza de "site de démolition" et a exprimé son intention de "nettoyer" l’enclave palestinienne. Il a proposé de relocaliser les Palestiniens en Jordanie et en Égypte, une idée immédiatement rejetée par ces deux pays.

Lundi, Trump a réaffirmé sa position, affirmant avoir discuté de cette question avec le Président égyptien Abdel Fattah Al-Sissi. Cependant, les autorités égyptiennes ont nié toute conversation entre les deux dirigeants.

Selon Mirette Mabrouk, chercheuse à l’Institut du Moyen-Orient, les actions de Trump révèlent qu’il est "extrêmement sérieux " dans ses intentions. De plus, elle souligné:

Le Président des États-Unis ne passe pas des appels amicaux aux rois et Présidents.

Mabrouk a aussi mentionné un appel de Trump au roi Abdullah II de Jordanie, une démarche qu’elle perçoit comme un moyen pour Washington de faire pression sur les dirigeants régionaux. Ces événements interviennent dans un contexte particulièrement sensible des relations entre les États-Unis et le Moyen-Orient. Selon Mabrouk, la Jordanie et l’Égypte se trouvent face à un dilemme difficile:


Ce qu’ils ont à craindre en disant oui est encore pire que ce qu’ils ont à craindre en disant non.

Les projets de Trump pour Gaza


La proposition de Trump attire à nouveau l’attention sur les ambitions de longue date d’Israël pour Gaza, soutenues par certains dirigeants israéliens d’extrême droite qui plaident régulièrement pour un nettoyage ethnique des Palestiniens et la construction de colonies.


Bezalel Smotrich, ministre israélien des Finances, a confirmé qu’il travaillait avec le Premier ministre Benjamin Netanyahu pour élaborer un plan conforme à la vision de Trump pour Gaza.

Mabrouk a insisté sur le fait que l’idée de relocaliser les Palestiniens n’est pas nouvelle. "Ce plan est en discussion depuis des décennies et correspond à la position de l’extrême droite israélienne, qui cherche à se débarrasser des Palestiniens pour établir le Grand Israël", a-t-elle précisé. Selon elle, l’objectif est d’expulser les Palestiniens de Gaza et de les pousser soit vers l’Égypte, soit vers le désert du Néguev ou la Palestine occupée.

Waleed Hazbun, professeur d’études du Moyen-Orient, a suggéré que l’idée de Trump pourrait servir de monnaie d’échange, bien que les implications restent floues, évoquant des projets immobiliers de Trump pour Gaza, il a déclaré:


L’idée de ce déplacement ‘temporaire’ est inquiétante, tout comme l’idée de ‘nettoyer’ cette zone.

Pression économique et sanctions


Les experts soulignent également la pression économique énorme exercée sur la Jordanie et l’Égypte, deux pays dépendant largement de l’aide américaine. Hazbun a précisé: "Les deux pays dépendent énormément des États-Unis pour leurs aides économique et militaire, ce qui rend difficile de savoir jusqu’où Trump pourrait les pousser".

Mabrouk a ajouté que la Jordanie subit une pression importante, car elle accueille des réfugiés et reçoit une aide conséquente des États-Unis. Quant à l’Égypte, elle reçoit environ 1,3 milliard de dollars en financement militaire, une somme souvent redirigée vers des armements américains. Cette proposition survient alors que l’aide étrangère a été largement suspendue, à l’exception de l’aide militaire à l’Égypte et Israël.


Instabilité politique


Hazbun a averti que la Jordanie et l’Égypte, dépendantes du soutien américain, n’ont que peu de leviers pour résister à cette pression. Et a ajouté:


Ils n’ont pas beaucoup à offrir à Trump, à part la crainte de l’instabilité politique que pourrait provoquer une déportation forcée.

Les déclarations fermes de la Ligue arabe et de l’Organisation de la coopération islamique contre le plan de Trump suggèrent que la situation pourrait également être influencée par l’Arabie Saoudite, en particulier par le prince héritier Mohammed ben Salmane.


Nettoyage ethnique et Nakba


Les analystes redoutent que ce plan ne ressemble à une forme de nettoyage ethnique, comparant cette proposition à la Nakba de 1948, lorsque des centaines de milliers de Palestiniens ont été déplacés. Mabrouk a souligné que les Palestiniens déplacés aujourd’hui ne seraient probablement jamais autorisés à revenir à Gaza:

Ceux qui partent ne seront jamais autorisés à revenir.

Hazbun a ajouté que ni la Jordanie ni l’Égypte ne seraient prêts à accepter un grand nombre de Palestiniens déplacés en raison de préoccupations politiques internes et de sécurité. « Ils préfèrent ne pas être impliqués dans ce qui pourrait être perçu comme un nettoyage ethnique », a-t-il conclu.


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