En Corée du Sud, un torrent de calomnies contre un juge du procès en destitution de Yoon

La rédaction avec
08:0919/02/2025, mercredi
AFP
Le parquet sud-coréen a inculpé le président arrêté Yoon Suk-yeol pour insurrection, le 26 janvier 2025.
Crédit Photo : X /
Le parquet sud-coréen a inculpé le président arrêté Yoon Suk-yeol pour insurrection, le 26 janvier 2025.

Accusations bidon de pédo-pornographie ou de soutien au communisme, faux appels d'Elon Musk à son limogeage: le chef de la Cour constitutionnelle de Corée du Sud, devant laquelle se déroule le procès en destitution du président Yoon Suk Yeol, fait face à un déluge de calomnies en ligne.

La Cour constitutionnelle doit se prononcer avant le 10 juin sur la motion de destitution votée contre M. Yoon par l'Assemblée nationale en décembre après sa tentative ratée d'imposer la loi martiale.


Les débats, souvent houleux, sont présidés par le juge Moon Hyung-bae, un magistrat discret nommé en 2019 par le président de centre-gauche de l'époque, Moon Jae-in.

La plupart des juristes s'attendent à ce que la Cour confirme la destitution de M. Yoon, actuellement incarcéré et qui fait parallèlement l'objet de poursuites pénales pour "insurrection".

En attendant, le Parti du pouvoir au peuple (PPP), la formation de M. Yoon, et une galaxie de groupuscules évangéliques et d'extrême droite font déferler un déluge de calomnies sur le juge Moon.

"Le but de telles attaques est très clair: ce sont des tentatives pour saper la légitimité de la décision" de la Cour, estime Lee Jong-soo, professeur de droit à l'Université Yonsei de Séoul, selon qui la destitution de M. Yoon est "inévitable".

Fausse pédo-pornographie


Parmi les accusations les plus graves figure le supposé partage par M. Moon de pornographie infantile. Des internautes ont publié ce qui semble être un commentaire laissé par le juge sur un message contenant une image sexuellement explicite d'un mineur.


Le PPP a aussitôt amplifié ce bobard, exigeant sa démission. Il s'est par la suite rétracté et a présenté ses excuses, mais seulement après qu'il a été établi que la soi-disant pièce à conviction était un montage, associant une image explicite à un commentaire sans rapport posté par M. Moon sur le forum des anciens élèves de son lycée.

Cela n'a pas dissuadé les plus fervents partisans de Yoon Suk Yeol de continuer à brandir des pancartes vilipendant "le juge porno Moon Hyung-bae" devant la Cour pendant les audiences.

Cette fausse nouvelle en a engendré une autre: des propos attribués au chef de l'opposition Lee Jae-Myung minimisant les accusations contre le juge Moon et les qualifiant de "signe de bonne santé".

La chaîne de télévision à qui cette information a été attribuée a fait savoir à l'AFP qu'il s'agissait d'une "fake news typique" et qu'elle envisageait de porter plainte.

Parmi les autres fausses informations visant M. Moon figure un montage photo du magistrat prononçant un discours devant un drapeau chinois, preuve selon ses détracteurs de son allégeance à la Chine "communiste", que certains partisans de M. Yoon accusent d'avoir manipulé les élections législatives d'avril 2024, remportées par l'opposition.

L'AFP a découvert que l'image était truquée, et que le soi-disant drapeau chinois avait été modifié à partir d'un drapeau sud-coréen.


Tweet de Musk déformé


D'autres internautes ont partagé un post sur X du milliardaire américain Elon Musk condamnant "un juge corrompu protégeant la corruption" en prétendant, à tort, qu'il visait M. Moon.


Un des dirigeants du PPP, Kwon Seong-dong, a pour sa part affirmé sans preuves que M. Moon avait des liens très proches avec le chef de l'opposition de centre-gauche, allant jusqu'à assister aux funérailles de sa mère.

Quand la Cour a démenti, M. Kwon a refusé de s'excuser, se contentant de dire qu'il avait "probablement mal entendu".

De nombreux experts estiment que ces calomnies visent à affaiblir les institutions avant la probable confirmation de la destitution de M. Yoon et l'organisation d'une présidentielle anticipée.


"D'une certaine manière, l'objectif du PPP est de mener une guerre d'opinion afin de retarder l'issue du procès le plus possible", juge Bai Byoung-im, politologue à l'Université Kookmin.

Mais "ces attaques semblent avoir dégénéré" en raison de l'extrémisme accru des partisans de M. Yoon, explique M. Bai à l'AFP. "Le résultat est que le parti au pouvoir est violemment tiré vers la droite et se montre incapable de prendre ses distances avec les actes inconstitutionnels de Yoon".

Le juge Moon n'a pas porté plainte contre ceux qui le couvrent de boue, bien que la diffamation soit un délit passible de sept ans de prison en Corée du Sud.

"Certains politiciens et médias déforment la nature du procès de destitution, et nous exprimons notre préoccupation quant à la manière dont cela pourrait nuire à l'autorité de la justice", s'est inquiété en janvier un porte-parole de la Cour constitutionnelle.

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