Le Niger débaptise des rues et monuments aux noms français

10:1616/10/2024, mercredi
AFP
Cette vue aérienne du 29 juillet 2021 montre une vue générale de la capitale du Niger, Niamey.
Crédit Photo : Souleymane AG ANARA / AFP Archive
Cette vue aérienne du 29 juillet 2021 montre une vue générale de la capitale du Niger, Niamey.

Le Niger a débaptisé mardi plusieurs lieux historiques de la capitale Niamey qui portaient jusqu'ici des noms évoquant la France, ancienne puissance coloniale, marquant une nouvelle étape dans la rupture avec Paris, amorcée après le coup d'État du 26 juillet 2023.

Des cadres de la junte, accompagnés de musique militaire, ont arpenté les rues pour inaugurer les nouveaux noms des artères de la ville.


"La plupart de nos avenues, boulevards et rues (...) portent des noms qui rappellent les souffrances et les brimades subies par notre peuple durant la colonisation",
a dénoncé le colonel-major Abdramane Amadou, ministre de la Jeunesse et porte-parole du régime.

"Cette avenue, qui portait le nom du général Charles de Gaulle, est désormais baptisée 'Avenue Djibo Bakary'",
a-t-il annoncé lors d'une cérémonie. Djibo Bakary (1922-1998) était une figure politique nigérienne et un fervent partisan de l'indépendance obtenue en 1960.

Non loin de là, le monument dédié aux morts des deux guerres mondiales a été rebaptisé
"Bubandey Batama"
("À nos morts" en langue djerma), rendant désormais hommage à toutes les victimes civiles et militaires de la colonisation jusqu'à nos jours.

Ces changements reflètent la volonté du régime nigérien de renforcer sa souveraineté et de couper les liens symboliques avec la France. Depuis le coup d'État, les militaires français engagés dans la lutte antiterroriste ont été expulsés, l'ambassadeur français a été chassé, et le centre culturel franco-nigérien a été renommé
"Moustapha Alassane",
du nom d'un cinéaste nigérien.

Mardi, un autre monument a été totalement remanié: le portrait du commandant français Parfait-Louis Monteil a été remplacé par une plaque à l'effigie de Thomas Sankara, l'ancien président du Burkina Faso, figure emblématique du panafricanisme.

Enfin, la place de la Francophonie a été rebaptisée
"Place de l'Alliance des États du Sahel"
(AES), une confédération créée en 2023 avec le Mali et le Burkina Faso, deux pays également dirigés par des militaires ayant pris le pouvoir par des coups d'État et qui, comme le Niger, ont tourné le dos à la France.

Le gouverneur de Niamey, le général Assoumane Abdou Harouna, a affirmé que
"nous allons désormais faire honneur à nos ancêtres".

Oumarou Adourahamane, président de la branche nigérienne de l'ONG Urgence panafricaniste, a salué cette initiative, estimant qu'
"il n'a pas de sens que nos rues continuent de porter les noms d'anciens colons (...) c'est une justice en rebaptisant ces rues avec les noms des héros de notre pays".

L'ONG Urgence panafricaniste est dirigée au niveau international par le militant béninois Kemi Seba, connu pour ses prises de position critiques à l'égard de la France. Il a été arrêté lundi à Paris, bien que le motif de son interpellation n'ait pas encore été révélé.


En juin 2023, peu avant le coup d'État, le Niger avait déjà adopté un nouvel hymne national intitulé
"Pour l'honneur de la patrie",
en référence aux luttes anticoloniales.

Ce nouvel hymne remplaçait
"La Nigérienne",
dont les paroles avaient été écrites par le compositeur français Maurice Albert Thiriet en 1961, un an après l'indépendance.

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