Gabon: un an de transition, présidentielle en ligne de mire pour le général Oligui

La rédaction
16:2428/08/2024, mercredi
AFP
Le président de la transition du Gabon Brice Oligui Nguema s'adresse à la plénière du Dialogue National à Libreville le 30 avril 2024.
Crédit Photo : WILFRIED MBINAH / AFP
Le président de la transition du Gabon Brice Oligui Nguema s'adresse à la plénière du Dialogue National à Libreville le 30 avril 2024.

Salve d'inaugurations de grands projets, parade militaire, banquet, feu d'artifice. Le gouvernement de transition du Gabon, mené par le général Brice Oligui Nguema, va célébrer en fanfare jeudi et vendredi le premier anniversaire de la chute de la dynastie Bongo après 55 ans de règne.

Un an après avoir déposé le président Ali Bongo Ondimba, le nouvel homme fort du Gabon, qui a promis de rendre le pouvoir aux civils, semble déjà en campagne pour l'élection présidentielle fixée à août 2025.


"Si on a pu faire certaines choses en 10 mois, c'est dire qu'en 7 ans on peut faire beaucoup de choses",
lançait-il ainsi mi-juillet lors d'une tournée dans le pays.

Le général de brigade de 48 ans a déjà pu savourer sa popularité lors de la fête de l'Indépendance, organisée quelques jours avant les commémorations de son coup d'Etat.

Le 30 août 2023, une heure après l'annonce officielle de l'élection d'Ali Bongo à son troisième mandat depuis 2009, une junte militaire baptisée
"Comité pour la transition et la restauration des institutions"
(CTRI) proclamait à la télévision la
"fin du régime Bongo"
en dénonçant un scrutin frauduleux.

Depuis, le président déchu est resté dans sa résidence de Libreville,
"libre de quitter le pays"
selon les autorités,
"privé de liberté et de contact avec l'extérieur"
selon ses avocats.

Accusés d'avoir usurpé le pouvoir et pillé le pays, son épouse Sylvia, 61 ans, et son fils Noureddin, 32 ans, attendent les suites judiciaires à la prison centrale de Libreville, dans des conditions dénoncées par leurs avocats.

Nouvelle Constitution


Peu disert sur le destin des Bongo, le nouveau pouvoir dit se focaliser sur la transition politique et la relance économique d'un pays à la fois riche, notamment de son pétrole, et sous-développé, plombé par des années de mauvaise gouvernance, une des pires du continent selon le World Economic Governance Index.


Deux mois après sa prestation de serment, l'ancien chef de la garde présidentielle a fixé à deux ans le calendrier de la transition, ce qui a rassuré la communauté internationale et permis au Gabon de réintégrer rapidement la Communauté économique des États de l'Afrique centrale (CEEAC).


Parmi les étapes vers des élections
"libres et transparentes",
un
"dialogue national inclusif"
a été organisé en avril dernier.

Il en est ressorti un millier de propositions, présentées par quelque 680 participants, tous nommés par le président de la transition. Parmi elles, l'instauration d'un régime présidentiel sans Premier ministre et la suspension temporaire du Parti démocratique gabonais (PDG), le parti de la dynastie Bongo, qui compte de nombreux membres au sommet de l'État.

Daniel Mengara, ancien exilé politique qui a déclaré lundi sa candidature à l'élection présidentielle, craint la construction d
'"institutions à la mesure du général Oligui"
, un
"hyper-présidentialisme"
semblable à celui des Bongo.

Présentée comme une synthèse du dialogue national, une nouvelle Constitution doit être publiée à la fin du mois, puis votée au Parlement transformé en Constituante et enfin soumise à référendum d'ici fin 2024.

"Plébiscite"


Dans un récent éditorial, le site d'information GabonReview.com s'inquiétait d'une possible
"dérive plébiscitaire",
avec une consultation non pas sur la nouvelle loi fondamentale mais sur
"le travail abattu depuis le 30 août 2023".

Gratuité des frais de scolarité, programmes d'emploi des jeunes, le taux de chômage des moins de 25 ans frôle les 40%, réhabilitation de plus de 600 km de routes, relance des liaisons aériennes intérieures... Le CTRI vante ses efforts pour le
"mieux vivre"
sur de gigantesques affiches.

Mais les difficultés quotidiennes persistent : coupures régulières d'eau et d'électricité, coût élevé de la vie, problèmes d'approvisionnement...


Habitué à vivre de la manne du pétrole, du bois, du manganèse, le Gabon ne transforme presque rien et importe quasiment tout, y compris fruits et légumes dans une zone de terres fertiles arrosées de pluies abondantes.

Un habitant sur trois du troisième pays le plus riche d'Afrique vit sous le seuil de pauvreté, avec moins de deux euros par jour, selon la Banque mondiale.


"Discipline"


L'objectif de
"reconquête économique"
récemment rappelé par le président Oligui se heurte aux
"lacunes" r
elatives à la gestion des entreprises publiques et à une dette publique atteignant 70,5% du PIB, pointées par un rapport du FMI en mai.

Érigé en
"sauveur",
en
"libérateur",
le général Oligui a gardé son credo:
"Union, discipline, travail et justice".
Sur une ligne proche de l'autoritarisme, selon ses détracteurs.

Sept des syndicalistes de la compagnie d'eau et d'électricité SEEG, qui avaient appelé à la grève pour contester la suppression de leur 13e mois, ont été arrêtés, interrogés pendant trois jours par les renseignements, puis relâchés le crâne tondu.

La semaine dernière, le régime a abondamment relayé des images d'un groupe de jeunes arrêtés puis tondus après avoir
"semé la peur"
à Port-Gentil, la capitale économique.

À lire également:





#Gabon
#coup
#armée
#économie
#Bongo
#Brice Oligui Nguema
#Ali Bongo
#Omar Bongo