Le roi du Maroc, Mohamed V, à droite, et le président français, Emmanuel Macron, à gauche.
Le Président français Emmanuel Macron s'est adressé mardi matin au Parlement marocain à Rabat, abordant les divers aspects de la relation entre le Maroc et la France.
Dans un discours fédérateur auquel assistaient les députés marocains, les membres du gouvernement d'Aziz Akhannouch, ainsi qu'une partie de la délégation française accompagnant Emmanuel Macron dans le Royaume, le chef de l'État a d'emblée évoqué la période sombre du protectorat dans la relation franco-marocaine.
Reconnaissant
dans la
entre Paris et Rabat, Emmanuel Macron est revenu sur
"le temps des traités inégaux"
où
"même arrangé en protectorat, le Maroc n'échappât pas aux violences de l'Histoire coloniale".
"La France fit effraction, d'abord par le truchement d'accords commerciaux et financiers, puis par le Traité de Fès. Tandis qu'elle imposait ses vues et consolidait ses intérêts, il y eut aussi des hommes qui cherchèrent à comprendre, à respecter, et je crois, à aimer cet empire millénaire dont ils percevaient l'identité profonde et irréductible"
a-t-il tempéré avant de mentionner l'aide apportée par le Maroc à la France lors de la Libération, puis d'aborder la relation actuelle entre les deux pays.
Emmanuel Macron a souligné l'importance de
offrant
"la possibilité d'une prospérité, d'une sécurité, d'un horizon absolument nouveau"
.
"Combien d'élus, d'entrepreneurs, d'artistes, de sportifs, dont l'histoire familiale, les patronymes, les valeurs spirituelles aussi, incarnent ce que le Maroc a apporté à la France pour qu'elle devienne ce qu'elle est aujourd'hui",
a-t-il déclaré, rappelant également que
"la communauté française dans sa diversité demeure (au Maroc) la plus importante en Afrique".
Et de poursuivre:
"Le Maroc et la France ont aujourd'hui vocation à jeter les fondations d'un partenariat d'exception renforcé entre nos deux pays et proposer aux générations des 25 prochaines années, ce nouveau livre lucide sur le passé mais tourné vers l'avenir".
Le Président français souhaite que ce partenariat soit
"un espace ordonné dont chacun accepte d'être le garant"
pour aboutir notamment à des engagements en matière
et souligne
"la nécessité d'une coopération naturelle et fluide en matière consulaire"
qui, selon lui, constitue
"une attente des plus fortes pour beaucoup de Français".
"Nous avons besoin de davantage de résultats. Je pense aussi à notre partenariat en matière de sécurité et de lutte contre les trafics de toutes natures qui minent notre société et menacent nos États. Lutte contre le terrorisme aussi, qui doit continuer de nous unir inlassablement, lutte contre la criminalité organisée et en particulier contre le narcotrafic qui gangrène nos territoires et nécessite une coopération judiciaire très étroite et encore plus rapide"
, a-t-il énuméré.
Évoquant tour à tour l'éducation, l'enseignement supérieur, mais aussi le secteur de l'industrie et les divers contrats conclus entre le Maroc et la France dès lundi soir au cours d'une cérémonie solennelle, le chef de l'État a exprimé son "immense fierté" d'avoir vu aboutir certains accords, dont ceux portant sur le développement marocain du TGV.
Enfin, et sur un sujet particulièrement attendu, Emmanuel Macron a réaffirmé son soutien à la souveraineté du Maroc sur la région du Sahara occidental.
"Je le réaffirme ici devant vous : Pour la France, le présent et l'avenir de ce territoire s'inscrivent dans le cadre de la souveraineté marocaine. L'autonomie sous souveraineté marocaine est le cadre dans lequel cette question doit être résolue et le plan d'autonomie de 2007 constitue la seule base pour parvenir à une solution politique juste, durable et négociée conformément aux résolutions du Conseil de Sécurité des Nations Unies",
a-t-il déclaré sous les applaudissements du Parlement marocain.
Considérant cette position comme
"ancrée dans l'Histoire, respectueuse des réalités et prometteuse pour l'avenir",
il assure que la France accompagnera le Maroc pour
"la mettre en œuvre dans les instances internationales".
Le chef de l'État a par ailleurs tenu à mentionner que
"cette position n'est hostile à personne"
mais permet
"d'ouvrir une nouvelle page avec tous ceux qui veulent agir dans un cadre de coopération régionale en Méditerranée, avec les pays voisins du Maroc et avec l'Union Européenne".
De fait,
"opérateurs et entreprises"
françaises
"accompagneront le développement de ces territoires au travers d'investissements, d'initiatives durables et solidaires, au bénéfice des populations locales",
a-t-il détaillé.
Pour rappel, la position d'Emmanuel Macron, dévoilée fin juillet dans une lettre adressée par ses soins au Roi Mohammed VI, a immédiatement provoqué une nouvelle crise diplomatique entre la France et l'Algérie, qui a décidé le retrait immédiat de son Ambassadeur à Paris.
Le Président Abdelmadjid Tebboune a reporté sa visite (déjà reportée à deux reprises) en France, prévue fin septembre - début octobre, suite à cette annonce.
À noter que le conflit entre le Maroc et le Front Polisario concernant la région du Sahara occidental dure depuis 1975 et a commencé après que l'occupation espagnole a mis fin à sa présence dans la région, avant de se transformer en une confrontation armée qui a duré jusqu'en 1991 et a pris fin avec la signature d'un accord de cessez-le-feu qui considérait Guerguerat, une zone démilitarisée.
Le Maroc insiste sur sa souveraineté sur la région du Sahara et propose une autonomie étendue, tandis que le Front Polisario demande un référendum en application de la Résolution 690 du Conseil de sécurité des Nations unies pour déterminer le sort de la région, position soutenue par l'Algérie, qui s'oppose à toute solution qui ne respecterait pas ce cadre, rejetant notamment le plan d'autonomie proposé par le Maroc sous sa souveraineté.
La souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental a par ailleurs été officiellement reconnue en 2020 par les États-Unis et en 2023 par l'Espagne.
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