L'Algérie et la France peinent à construire une relation bilatérale apaisée. Soixante et un ans après l'indépendance algérienne, proclamée un certain 5 juillet 1962, l'Algérie et la France donnent l'impression d'avancer à reculons.
A chaque geste d'apaisement entrepris au niveau des Présidents, une tempête intervient pour compliquer davantage toute démarche visant à dépasser le contentieux historique entre l'ex-colonisateur et l'ancienne colonie.
En effet, près d'une année après la visite du président français, Emmanuel Macron, en Algérie (en août 2022) et l'accord conclu avec son homologue algérien, Abdelmadjid Tebboune, tendant à
, la France et l'Algérie entrent déjà dans une nouvelle zone de turbulences.
Du coup,
et le
promis sont renvoyés sine die.
Que s'est-il passé? Pourquoi les relations algéro-françaises sont-elles si compliquées ? Avis aux experts…
Ces dernières semaines, plusieurs faits se sont produits pour souffler un froid glacial sur les relations bilatérales algéro-françaises, renvoyant de ce fait aux calendes grecques la visite programmée du président Tebboune à Paris qui était prévue pour la deuxième quinzaine du mois de juin dernier.
Il y a eu d’abord cette insistance d’une partie des acteurs politiques français à abroger l’accord de 1968 sur l’immigration algérienne en France.
Cette première estocade menée par des politiques de la droite et de l’extrême droite française a été suivie par une autre polémique, suscitée quelques jours plus-tard par le prétendu rétablissement d’un couplet anti-français de l’hymne national algérien.
Commentant le décret signé par le président algérien, Abdelmadjid Tebboune codifiant l’interprétation de l’hymne algérien, Qassaman (nous jurons), dans sa version complète ou réduite, des politiques français, dont la ministre des Affaires étrangères, Catherine Colonna, ont poussé la polémique à son paroxysme.
A Alger, la réaction ne s’est pas faite attendre. Des partis, des personnalités et même le président du Sénat algérien, Salah Goudjil, deuxième homme de l’Etat en Algérie, sont montés au créneau pour dénoncer
"une ingérence dans les affaires internes à l’Algérie".
L’affaire de l’assassinat, le 28 juin dernier, du jeune franco-algérien, Nahel, n’a fait qu’aggraver cette nouvelle crise entre les deux pays.
Il s’agit, résume Brahim Oumansour, directeur de l’Observatoire du Maghreb à l’Institut de Relations internationales et Stratégiques (Iris) de Paris,
"d’un autre épisode des relations tumultueuses".
C’est le énième épisode des relations tumultueuses et complexes qu'entretiennent Paris et Alger.
Interrogé par Anadolu, Rabah Lounici, docteur en histoire et enseignant à l’université d’Oran (Algérie), précise que
"les relations ont évolué ainsi depuis l’indépendance."
"Elles sont bonnes et tendues. C’est selon le contexte. En général, les deux pays entretiennent de bonnes relations notamment dans les domaines économique, culturel et géostratégique. Mais dès qu’il y aura une opposition des intérêts, la crise remonte à la surface"
, nous explique-t-il.
Selon lui, les deux pays
"n’affrontent pas directement la source du différend. Pendant la période de tension, c’est la rhétorique populiste qui est employée des deux côtés dans le but de gagner leurs opinions publiques respectives. L'Algérie utilise généralement le passé colonial et l'hostilité à la France. Cette rhétorique est utilisée plutôt comme un outil pour consolider une sorte de légitimité.
Pour la partie française, le même discours porte des visées électoralistes"
, analyse-t-il.
La récente brouille, poursuit-il,
"est fort probablement provoquée par un désaccord concernant la position économique française en Algérie qui cherche à diversifier ses relations économiques avec plusieurs pays, dont la Chine, Italie, Allemagne et autres"
.
"Le second contentieux est géostratégique. Il concerne l’Afrique subsaharienne, notamment le Mali. La France accuse l’Algérie d’être à l’origine de l’arrivée du groupe Wagner au Mali et d’avoir soutenu la croissance de l’influence russe dans ce pays"
, explique-t-il.
Rabah Lounici estime aussi que des lobbies des deux pays
"empêchent toute normalisation des relations"
.
"A chaque fois que les deux pays s’apprêtent à conclure un accord important, comme le partenariat stratégique projeté, ces lobbies interviennent pour envenimer les rapports entre les deux pays. C’était également le cas en 2006, lorsque les présidents Jacques Chirac et Abdelaziz Bouteflika allaient conclure un accord d’amitié"
, rappelle-t-il.
Même lecture pour le politologue algérien, Rachid Tlemçani qui souligne aussi, à Anadolu,
"l’existence de plusieurs acteurs qui entrent en jeu des deux côtés de la méditerranée".
"Leurs intérêts sont énormes. Ils sont commerciaux, financiers, culturels et géopolitiques. Ces dernières années, la question mémorielle a émergé aussi comme un iceberg."
Pour lui, les deux pays
"continueront à vivre dans une conflictualité politicienne mesurée tant que la génération de la guerre d’Algérie restera aux manettes dans les secteurs stratégiques de l’économie".
En résumé, Alger et Paris sont condamnés à vivre au rythme de
"je t’aime, moi non plus".
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