Akio Toyoda, qui va quitter en avril son poste de PDG de Toyota, était progressivement devenu un capitaine charismatique capable de hisser son groupe au sommet du marché mondial de l'automobile.
Son père Shoichiro Toyoda avait lui aussi été un dirigeant emblématique du groupe dans les années 1980-1990.
Etre à la hauteur de ses glorieux aînés est pour Akio Toyoda une obsession, et une pression constante.
"Vous avez peut-être déjà entendu le proverbe disant que la troisième génération conduit à la ruine. J'ai entendu cela toute ma vie. Et je suis déterminé à prouver le contraire", confiait-il en 2017.
Après des études de droit à la prestigieuse université Keio de Tokyo, puis dans une école de commerce américaine, il intègre Toyota en 1984, grimpant progressivement les échelons selon la tradition. Il se démarque toutefois en fondant en 1998 Gazoo.com, un portail internet japonais dédié à l'automobile.
Numéro un mondial
En 2009, à 53 ans, il devient le plus jeune PDG de Toyota, à un moment où le groupe, durement touché par la crise économique mondiale, cherche à se ressouder autour du symbole de la famille fondatrice.
Eludant à ses débuts un scandale géant de problèmes de qualité obligeant son groupe à rappeler des millions de véhicules dans le monde, il finit par se livrer à un humiliant exercice de contrition, y compris devant le Congrès américain.
Le groupe retient aussi la leçon du séisme, tsunami et accident nucléaire de Fukushima en 2011 en approfondissant ses liens avec ses fournisseurs, pour gagner en réactivité en cas de perturbations de ses approvisionnements.
Ces enseignements lui ont servi dix ans plus tard pour gérer mieux que d'autres la pénurie mondiale de semi-conducteurs après la pandémie de Covid-19, même si sa production en a aussi été affectée.
Dans les années 2010 le groupe se dispute avec l'allemand Volkswagen la place de numéro un mondial de l'automobile en ventes en volume, grâce notamment à ses excellents positionnements en Amérique du Nord et en Chine. Toyota trône de nouveau au sommet de ce classement depuis 2020.
Virage électrique
Le PDG prend conscience que Toyota, à la mentalité historiquement conservatrice comme de nombreuses sociétés japonaises, pourrait rapidement se ringardiser face aux profondes mutations énergétiques et technologiques de son secteur.
Champion des moteurs hybrides et pionnier de l'hydrogène, Toyota a cependant tardé à accélérer dans les véhicules à batteries électriques, avant d'annoncer des d'investissements colossaux dans ce segment à partir de fin 2021.
Akio Toyoda cachait mal sa jalousie vis-à-vis du succès de l'américain Tesla, dont la capitalisation boursière a allègrement dépassé celle du groupe nippon depuis 2020.
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