De nombreux obstacles s'opposent à la réalisation du plan de cessez-le-feu que le président Biden a annoncé soutenir vendredi dernier. Biden a cherché à faire pression sur les deux parties en affirmant que le plan avait été proposé par Israël et que la balle était dans le camp du Hamas. Bien que le Hamas ait déclaré qu'il trouvait le plan favorable et qu'il aborderait le plan, qui envisage un cessez-le-feu permanent, de manière "constructive", le front de Netanyahu a rapidement battu en retraite. Peu de temps après la déclaration de Biden, Netanyahu a déclaré qu'il n'accepterait pas un cessez-le-feu permanent avant que les opérations n'aient atteint leur but. Les ministres d'extrême droite du gouvernement israélien ont également menacé que l'acceptation de ce plan signifierait la fin du gouvernement. Dans cette situation, Netanyahu peut soit satisfaire les extrémistes de droite et maintenir sa coalition, comme il l'a fait jusqu'à présent, soit risquer la désintégration de son cabinet de guerre en acceptant un cessez-le-feu comme l'exige Washington.
Bien que Netanyahu tente de montrer qu'il ne cède pas à la pression américaine par des déclarations acerbes, on peut dire que les négociations ont atteint le stade de l'accord et que Biden veut retirer la question palestinienne de l'ordre du jour dès que possible par le biais de l'accord de cessez-le-feu. Néanmoins, la possibilité d'un cessez-le-feu réel et durable n'est pas très forte, car Netanyahu évitera de prendre une mesure qui conduirait à la dissolution du gouvernement afin de donner la priorité à sa propre carrière politique. Le désir de Joe Biden de retirer la question palestinienne de l'agenda public avant les élections de novembre crée un facteur de pression important pour la conclusion des négociations, mais le fait que ses intérêts politiques ne coïncident pas avec ceux de Netanyahu affaiblit la possibilité d'un cessez-le-feu permanent. Netanyahu pourrait préférer poursuivre sa politique de "destruction du Hamas", qui bénéficie d'un soutien important au sein de l'opinion publique israélienne, plutôt que de prendre une mesure qui pourrait signifier la fin de sa carrière politique.
La première phase du plan prévoit un cessez-le-feu de six semaines au cours duquel les forces israéliennes se retireraient des zones densément peuplées de Gaza et le Hamas échangerait des prisonniers palestiniens contre des otages âgés et féminins. Les négociations se poursuivront au cours de cette première phase pour passer à une seconde phase avec un cessez-le-feu final et durable, mais l'une des questions les plus cruciales sera de savoir qui gouvernera la bande de Gaza une fois les combats terminés. Israël a clairement indiqué qu'il n'accepterait ni le Hamas ni l'Autorité palestinienne pour gouverner Gaza, mais il n'a pas donné la réponse que les Américains souhaitent quant à l'identité du gouverneur. Il est très probable qu'Israël prolongera la deuxième phase des négociations, en maintenant Gaza sous occupation partielle et en poursuivant sa politique d'accès humanitaire limité et inadéquat pendant une longue période. La reconstruction de Gaza, envisagée comme troisième phase, pourrait également être réalisée grâce à des fonds provenant des États arabes du Golfe, mais cela risque également de prendre beaucoup de temps. Netanyahu se concentrera sur la question de savoir si ce plan lui offre une mobilité suffisante, car pour lui, un cessez-le-feu n'est pas une question d'urgence.
L'accent mis par Joe Biden sur "l'opportunité historique d'un accord" avec l'Arabie saoudite et son appel aux dirigeants israéliens pour qu'ils soutiennent ce plan malgré les pressions de la politique intérieure peuvent être interprétés comme une tentative de persuader Tel-Aviv en le récompensant. Loin de tenir le gouvernement Netanyahu pour responsable de sa politique de nettoyage ethnique à Gaza, Washington tente de le récompenser par une normalisation saoudienne. L'administration Biden, qui a jusqu'à présent soutenu Israël par une aide en armes et une protection diplomatique, tente à présent de trouver une formule qui brisera l'isolement international d'Israël et le libérera de la pression diplomatique. Le fait que les dirigeants des deux partis au Congrès américain aient conjointement invité Netanyahu à s'adresser au Congrès fait partie de la politique visant à persuader Tel-Aviv en lui montrant une carotte. Comme il est peu probable que les éléments extrémistes du cabinet de Netanyahu changent leur comportement intransigeant, il est difficile de savoir dans quelle mesure ces incitations seront efficaces.
Le refus de Biden de commenter l'attaque de Rafah, qui a fait au moins 45 morts, et son annonce du plan de cessez-le-feu accepté par Israël montrent qu'il veut se débarrasser des coûts politiques qu'il continue à supporter et se concentrer sur les élections. Biden veut expliquer aux groupes pro-israéliens qu'Israël est désormais en sécurité dans la région grâce à la normalisation saoudienne et à sa propre base, qui s'oppose à Israël, qu'il a obtenu un cessez-le-feu et augmenté le flux de l'aide humanitaire. Biden est devenu politiquement dépendant de Netanyahu, le personnage clé qui peut fournir ces deux arguments. C'est la raison pour laquelle des dirigeants démocrates tels que Chuck Schumer, qui déclaraient il y a encore quelques mois qu'Israël avait besoin d'un nouveau leadership, invitent aujourd'hui Netanyahu à s'adresser au Congrès. Biden et les dirigeants démocrates poussent Netanyahu à prendre des risques politiques pour obtenir des récompenses telles que la rupture de l'isolement international et le retour des otages de Gaza.
Il semble difficile pour Netanyahu d'accepter ce plan de cessez-le-feu, ce qui pourrait l'amener à risquer son gouvernement actuel et à tenter de former une nouvelle coalition, malgré l'opposition des dirigeants d'extrême droite. C'est pourquoi Biden a avancé l'argument selon lequel le Hamas n'a plus la capacité de perpétrer une attaque comme celle du 7 octobre. Le message de Washington à Netanyahu est qu’il peut désormais déclarer sa victoire en arguant la défaite du Hamas et la récupération des otages. La mise en œuvre de cette formulation par Netanyahu soulagera Biden avant les élections de novembre, mais il est également possible que Trump examine sa position dans les sondages et préfère se débrouiller jusqu'après les élections. Étant donné que l'élection de Trump signifierait l'arrivée au pouvoir de politiciens signataires de bombes comme Nikki Haley, Netanyahu pourrait choisir de résister à Biden en faveur d'un scénario dans lequel il serait davantage récompensé.
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