Après des décennies de guerre, les pilotes amateurs afghans profitent du retour de la sécurité pour se mesurer les uns aux autres dans leurs autos surpuissantes, ou faire étalage de leur science du dérapage.
Zabiullah Momand fait vrombir le moteur bi-turbo de sa voiture de sport, un châssis de Mercedes Benz cabossé et sans capot que ce mécanicien afghan a transformé, puis le laisse revenir à un doux ronronnement.
Le bolide tranche avec les Toyota Corolla qui engorgent les rues de la capitale. Il fait partie d'une flotte de véhicules importés et modifiés par un groupe de passionnés de sports automobiles, en plein essor dans le pays.
Cette communauté de mordus du volant, apparue en Afghanistan dans la dernière décennie, a beaucoup grandi ces deux dernières années.
Des cercles dans la poussière
La compétition, repoussée deux fois, ne s'appuie sur aucun parraineur et n'offre aucune récompense financière.
Vêtu d'un casque doré, et accompagné d'un ami brandissant de temps en temps une caméra par la fenêtre de sa Chevrolet Camaro argentée, Hashmatullah fait glisser sa voiture sur un rond-point du centre de Kaboul, ou trace des cercles dans la poussière près d'un lac en dehors de la ville.
Les conducteurs disent avoir moins de problèmes avec les soldats du régime taliban qu'ils n'en avaient sous l'ancienne république.
C'est le grand jour pour la Victory Cup. Des centaines de personnes se sont réunies dans une grande rue de Kaboul bloquée par la police pour assister aux courses. Parfois, les spectateurs s'avancent trop sur la chaussée, téléphone en main, et se font vertement rappeler à l'ordre.
"Elles coûtent très cher"
Une poignée de femmes sont aussi là. Zuhal Mohammadi, 18 ans, regrette que les Afghanes n'aient guère l'opportunité de conduire, mais espère un changement.
Les accros de sport mécanique ont toutefois peu d'occasions d'exhiber leurs voitures.
Avec d'autres fans, ils ont tout de même organisé quelques courses et démonstrations ces deux dernières années, n'hésitant pas pour ça à parfois débourser des milliers de dollars.
Zabiullah, lui, a renoncé à prendre part à la Victory Cup, inquiet de l'absence de barrières de sécurité pour les spectateurs, après un accident récent ayant fait plusieurs blessés. Sinon, son véhicule à double turbocompresseur aurait été invincible, jure-t-il.