Emilie Gomis à la sortie de sa convocation, le 8 février 2024.
L'ancienne championne olympique de basket, Émilie Gomis, était convoquée jeudi matin par la PJ (Police Judiciaire) de Paris pour répondre à des accusations d'apologie de terrorisme.
En cause, une story diffusée sur le réseau social Instagram le soir du 9 octobre, et effacée dès le lendemain matin, illustrant la carte de France, progressivement recouverte par le drapeau Israélien avec en légende
"Que feriez-vous dans cette situation?".
À la sortie de son audition, la basketteuse a répondu aux questions d'Anadolu, sans tabou, revenant sur sa prise de position, son devoir de neutralité en tant qu'Ambassadrice des JO de Paris 2024, mais également sur le deux-poids deux-mesures qu'elle subit puisqu'elle a pu librement s'exprimer lorsqu'il était question de prendre parti pour l'Ukraine.
"Harcèlement et acharnement"
Dans les faits, la polémique n'a pas éclaté dès la publication d'Emilie Gomis mais plutôt après sa republication, trois semaines plus tard, par des soutiens français à la politique Israélienne. Et il n'en a pas fallu davantage pour que la sphère politique et médiatique se déchaîne sur l'ancienne championne olympique.
Très vite, des centaines de messages, ont été diffusés sur les réseaux sociaux, les uns appelant à licencier Emilie Gomis de son poste d'Ambassadrice de paris 2024, les autres appelant à la déchoir de sa nationalité, et de plus virulents encore, l'injuriant ou la menaçant.
Assurant s'être exprimée
après avoir enlevé sa
"casquette d'ambassadrice"
et réagissant
"comme citoyenne tout simplement Emilie Gomis, comme n'importe qui"
elle dénonce une déferlement
"Ça va très très vite et c'est pour ça que certaines personnalités arrêtent les réseaux sociaux comme Twitter (…). Je me rends compte aussi maintenant du harcèlement que des personnes peuvent subir, des personnes lambda et de comment ça peut atteindre une vie privée et nuire"
déplore l'ancienne athlète.
Et de poursuivre:
'Moi j'ai encore la possibilité de me défendre, je pense que les gens qui mont côtoyée connaissent un peu mes valeurs et mes convictions donc j'ai encore cette chance de pouvoir en parler mais certaines personnes qui n'ont pas la possibilité de se défendre, ça doit être horrible'.
Deux poids deux mesures après son soutien à l'Ukraine
Si Emilie Gomis concède volontiers avoir enfreint le devoir de neutralité auquel elle aurait dû s'astreindre en tant qu'Ambassadrice des JO, elle note que son soutien à l'Ukraine après la guerre déclarée par la Russie, ne l'a entraînée dans aucune tourmente.
"J'aurais effectivement dû garder mon droit de neutralité"
concède la jeune femme avant d'estimer qu'on
"peut discuter de ce droit de neutralité".
Elle assure s'être
"manifestée pour la guerre en Ukraine"
, avoir
"apporté (son) soutien aux ukrainiens"
et avoir
"même été sollicitée pour savoir si (elle était) prête à aller sur le terrain pour (s)'engager réellement comme tous les athlètes peuvent le faire".
"J'ai exprimé aussi cette volonté là donc peut discuter du deux poids deux mesures mais moi je pense que dès qu'il y a un conflit il est important de montrer notre manière de nous engager en tant qu'athlètes. On essaie de fédérer, c'est aussi pour ça que les JO ont été créés, pour essayer de ramener la paix en temps de guerre. On sait qu'on ne peut pas être neutres, c'est compliqué, on se sent obligés de prendre position"
déclare à cet effet Emilie Gomis.
La fin d'un rêve avec son éviction de Paris 2024
Elle le dit sans détour Paris 2024 était un rêve auquel elle a dû renoncer en démissionnant de son poste d'Ambassadrice.
L'ancienne gloire du basket français, explique avoir
"rendu des comptes à Paris 2024"
et considéré que
"la sanction a été claire".
"J'aurais dû garder mon droit de neutralité. Il n'a jamais été question d'antisémitisme. J'aurais dû être neutre et malheureusement grâce à ma fonction on a touché aussi à Paris 2024 et donc je le regrette"
grince Emilie Gomis.
Elle raconte par ailleurs qu'elle attend depuis
"des années que ces Jeux se réalisent en France"
et estime avoir été privée
.
"On m'enlève en quelque sorte un rêve donc je le vivrai à travers mes amis athlètes. Je serai présente et je veux que ces Jeux se passent super bien. Je resterai une Ambassadrice avec la fonction ou pas. Je serai la première supportrice pour les JO et les athlètes français et du monde entier"
se conclut enfin Emilie Gomis, sur une touche plus positive.
L'enquête, ouverte par la parquet de Paris pour des faits qualifiés d'apologie de terrorisme, fait suite à une plainte déposée à son encontre par le BNVCA (Bureau National de Vigilance Contre l'Antisémitisme) a donc conduit à une audition libre de l'ancienne basketteuse ce jeudi matin.
Si son avocat, Maître Vincent Brengarth
"n'envisage pas autre chose qu'un classement sans suite dans cette affaire"
, le conseil parisien dénonce
"une procédure vexatoire"
et
envers sa cliente.
Au micro d'Anadolu, il assure qu'il
en martelant qu'Emilie Gomis
"n'a jamais cherché à faire l'incitation du terrorisme, elle n'a jamais encouragé à la moindre commission d'une quelconque action violente".
"Nous considérons que cette convocation n'avait absolument pas lieu d'être et qu'on est face à une disproportion manifeste dans la manière dont Emilie Gomis est aujourd'hui traitée"
pointe Vincent Brengarth, qui doit désormais attendre que le parquet décide des suites qu'il souhaite donner à cette médiatique affaire qui pose désormais naturellement la question de la liberté d'expression.
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