"Cela fait plus de trois semaines que je n'ai pas d'eau courante", se lamente Imach Omorov, habitant de Bichkek. Dans la capitale du Kirghizstan, l'eau vient à manquer alors que les températures flirtent déjà avec les 40°C.
Bidons de plusieurs litres chargés dans des brouettes, ils sont des dizaines ce matin à se précipiter lors du passage des camions-citernes dépêchés par la mairie dans les quartiers du sud de Bichkek, là où la pénurie se fait le plus sentir.
A Bichkek, l'eau a été coupée la nuit dans certains quartiers, des piscines et des stations de lavage pour voitures ont été fermées, l'arrosage nocturne interdit et des livraisons d'eau organisées.
Consommation en hausse
Comme d'autres riverains, il a brièvement participé au blocage cette semaine de l'une des principales avenues du sud de la capitale en signe de protestation contre la pénurie.
Non loin de là, Kanychaï Bakirova, 59 ans, attend patiemment son tour, pendant que certains en profitent pour se laver le visage.
Depuis un mois, chez cette femme vivant avec sa famille de onze personnes, dont des enfants en bas âge, un mince filet d'eau s'écoule du robinet, quand il n'est pas à sec.
Le Kirghizstan ne fait pas exception, avec un million de personnes sans eau potable dans cette ex-république soviétique montagneuse. Si ce problème aigu touche principalement les villages, c'est désormais la capitale qui est concernée, sur fond de forte croissante démographique.
Fonte des glaciers
Et la baisse du niveau des nappes phréatiques aggrave la situation dans une région, l'Asie centrale, déjà particulièrement vulnérable au changement climatique, avec une hausse des températures deux fois plus rapide que la moyenne, d'après les scientifiques.
Or, ces nappes phréatiques sont alimentées en grande partie par les glaciers, dont la fonte s'accélère, menaçant directement l'approvisionnement en eau de la population.
Et pour ne rien arranger, la vétusté des infrastructures d'eau, datant pour la plupart de l'époque soviétique, est également en cause, entre sous-investissements et impossibilité de calculer avec précision la consommation dans certaines zones, faute de compteurs.
En réaction, les autorités ont alloué des fonds pour la rénovation et l'extension du réseau, notamment via de nouveaux forages et la construction de stations de pompage.