Un patron du renseignement met en garde contre une infiltration russe dans les réseaux politiques français

10:1828/04/2023, Cuma
MAJ: 28/04/2023, Cuma
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Le directeur du contre-espionnage français, Nicolas Lerner. Crédit Photo: Ludovic MARIN / AFP
Le directeur du contre-espionnage français, Nicolas Lerner. Crédit Photo: Ludovic MARIN / AFP

Le directeur du contre-espionnage français a mis en garde contre une forme d'infiltration de la Russie dans les réseaux politiques de la France, lors d'une commission d'enquête parlementaire dont le contenu a été rendu public ce jeudi.

Lors d'une commission d’enquête parlementaire relative aux ingérences des puissances étrangères et présidée par le député Rassemblement national (RN) Jean-Philippe Tanguy, le directeur général de la sécurité intérieure (DGSI) française, Nicolas Lerner a été interrogé à huis clos sur la question, le 2 février. Le contenu des échanges a été rendu public ce jeudi 27 avril.


Évoquant l'ingérence politique, économique et financière étrangère, Nicolas Lerner a notamment fait état des tentatives
"d’approche de la part de certains agents de renseignement"
de la Russie
"visant l’ensemble du spectre politique"
français, que ses services ont pu constater depuis son arrivée à la tête de l'institution en 2018.

"Nous avons ainsi vu des parlementaires appartenant à l’ensemble du spectre politique faire l’objet de telles approches",
a-t-il indiqué, avant d'ajouter que:

Certaines personnes ont pu entrer dans une relation que la loi française n’autorise pas.

Nicolas Lerner a précisé que ses services ont dû mener,
"ces derniers mois"
, 6500 actions de
"sensibilisation"
au sein de l'Assemblée nationale et du Sénat, mais aussi dans les domaines économique, universitaire, de la recherche, après avoir
"détecté des contacts
", notamment de parlementaires français
"avec des officiers de renseignement russes sous couverture diplomatique".

Le patron du contre-espionnage a indiqué qu'à l'heure actuelle, aucun responsable politique ni parti n'est donc considéré comme un
"relais"
du Kremlin à proprement parler, mais que la DGSI a saisi la Justice dans certaines situations de liens avérés en contravention de la loi française, ou de suspicion de tels liens
"entre un élu ou ancien élu local ou national avec une puissance étrangère"
, ajoutant que ses services ont notamment signalé le financement suspecté d'un politicien français par des fonds russes.

Nicolas Lerner a constaté que les services de renseignement russes sont les plus nombreux et les plus actifs en France, parmi les services étrangers, avec
"plusieurs dizaines d’officiers"
, présentés généralement comme appartenant à des missions diplomatiques localisées sur le territoire français. Il a, néanmoins, précisé que leur nombre a amplement diminué depuis le début de la crise ukrainienne en 2014.

Nicolas Lerner a estimé que lorsque des élus français se sont rendus dans le Donbass, région ukrainienne, passée sous contrôle non-officiel de la Russie en 2014, comme ce fut le cas pour une dizaine d'entre eux, dont le député Thierry Mariani (du parti Les Républicains à cette période),
"cela revient à franchir un cap en termes d’allégeance envers le pays concerné".

Pour rappel, l’association Dialogue franco-russe est visée par deux enquêtes judiciaires menées par le parquet de Paris, notamment sur des soupçons de corruption et de trafic d’influence. Le député européen du Rassemblement national (RN) Thierry Mariani, coprésident de l’association, réfute les accusations, notamment d'avoir bénéficié de voyages financés par la Russie en échange de contreparties à des prises de position favorables à la politique étrangère de Moscou.


"Nous avons des contacts réguliers avec les parlementaires, à leur demande ou à notre initiative, et menons des actions de sensibilisation, le cas échéant pour leur faire savoir à qui ils ont affaire – ils sont ensuite entièrement libres de poursuivre ou non leurs relations dès lors qu’elles ne tombent pas sous le coup de la loi"
, a estimé le patron du contre-espionnage français, lors de sa déclaration à la commission d'enquête parlementaire, le 6 février.

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