Le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, Volker Türk. Crédit photo: Fabrice COFFRINI / AFP
Le Haut-Commissaire de l'ONU aux droits de l'homme a appelé jeudi les pays à faire pression "par tous les moyens possibles" pour résoudre la crise au Soudan et mettre fin à cette "violence injustifiée".
Les combats qui ont éclaté le 15 avril ont plongé ce pays
, a déclaré Volker Türk à l'ouverture d'une session spéciale du Conseil des droits de l'homme de l'ONU à Genève sur la situation au Soudan.
"Je saisis cette occasion pour exhorter tous les États ayant une influence dans la région à encourager, par tous les moyens possibles, la résolution de cette crise"
, a-t-il poursuivi, dans un message vidéo.
Cette réunion d'urgence a été convoquée à la demande conjointe du Royaume-Uni, de la Norvège, des Etats-Unis et de l'Allemagne, avec le soutien de plusieurs dizaines de pays.
"La tenue de cette session extraordinaire est un signal clair de la communauté internationale: le respect des droits de l'homme et des libertés fondamentales, la protection des civils, le retour d'une paix durable vont ensemble"
, a déclaré l'ambassadeur français Jérôme Bonnafont, pendant les débats.
Les affrontements entre l'armée dirigée par le général Abdel Fattah al-Burhane et les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) du général Mohamed Hamdane Daglo ont fait plus de 750 morts et 5.000 blessés, selon des ONG et les autorités.
M. Türk a condamné
"fermement cette violence injustifiée"
et accusé les deux parties d'avoir
"bafoué le droit humanitaire international, notamment les principes de distinction, de proportionnalité et de précaution"
.
Son bureau a reçu plusieurs rapports faisant état de violences sexuelles commises par des hommes en uniforme, ainsi que d'
"allégations d'exécutions illégales et de disparitions forcées"
, a-t-il affirmé.
A l'issue de la réunion, les 47 pays membres du Conseil des droits de l'homme vont se prononcer sur un projet de résolution demandant
"une cessation immédiate de la violence par toutes les parties, sans conditions préalables"
.
Le texte ne crée pas de mécanisme d'enquête spécifique mais prévoit un suivi renforcé de la situation et une documentation des exactions par les Nations unies, y compris par l'expert indépendant sur le Soudan.
L'ambassadeur du Soudan à Genève, Hassan Hamid Hassan, a lui affirmé que ce qui se passe dans son pays
"est une affaire intérieure"
.
Le Soudan a reçu le soutien de plusieurs pays, dont la Chine et les pays arabes. S'exprimant au nom des pays africains, le représentant de la Côté d'Ivoire, Allou Lambert Yao, a lui souligné l'importance de respecter la souveraineté du Soudan et de trouver des
"solutions africaines aux problèmes africains"
.
Plusieurs pays occidentaux, dont l'Allemagne et les Etats-Unis, ont en revanche relevé la nécessité de commencer à documenter les violations des droits humains sans attendre la résolution du conflit.
"Nous soutenons les initiatives visant à rétablir la paix, qui sont nécessaires de toute urgence. Mais permettez-moi de dire très clairement qu'une paix durable et le respect des droits humains vont de pair"
, a ainsi déclaré l'ambassadrice allemande Katharina Stasch.
"Les États-Unis sont convaincus que les négociations visant à instaurer un cessez-le-feu et à acheminer l'aide humanitaire dont le peuple soudanais a désespérément besoin peuvent et doivent avoir lieu en même temps que notre Conseil remplit son rôle en s'attaquant à la situation désastreuse des droits humains"
, a renchéri l'ambassadrice américaine, Michèle Taylor.
Selon l'ONU, environ 900.000 personnes ont quitté leur maison vers des zones épargnées par les combats: 177.000 sont réfugiées dans les pays voisins, tandis que le nombre de déplacés à l'intérieur du Soudan dépassait mardi les 700.000.
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