Il présidera aux destinées du pays cinq ans de plus, réélu pour un quatrième mandat avec un score encore jamais atteint de 99,18%.
Depuis 30 ans, il est une figure incontournable au Rwanda, où 65 % de la population n'a connu que lui à la tête du pays.
Troquant son treillis-béret pour les costumes-cravates, il devient un influent vice-président et ministre de la Défense. Dirigeant de facto du pays, il est élu président en avril 2000 par le Parlement après la démission de Pasteur Bizimungu, avant quatre réélections plébiscites au suffrage universel (95,05 % en 2003, 93,08 % en 2010, 98,79 % en 2017).
Ses trois décennies au pouvoir ont fait de Paul Kagame un des dirigeants les plus clivants du continent. Rwandais et leaders étrangers saluent son rôle de maître d'œuvre du spectaculaire redressement économique du pays, exsangue après le génocide et aujourd'hui érigé en modèle de développement.
Fin stratège, il est le commandant en chef d'une armée accusée de déstabilisation en combattant aux côtés de la rébellion du M23 dans l'Est de la République démocratique du Congo, mais qui joue un rôle sécuritaire crucial ailleurs sur le continent (Centrafrique, Mozambique...).
Il fonde avec d'autres exilés tutsi le FPR, qui pénétrera en 1990 au Rwanda pour renverser le régime de Juvénal Habyarimana, dominé par les Hutu, ouvrant une guerre civile.
Quand l'avion d'Habyarimana est abattu le 6 avril 1994, les extrémistes hutu lancent une campagne de massacres, qui prendront fin en juillet 1994 avec la prise de Kigali par le FPR.
Dans sa traque des auteurs du génocide, le FPR a été accusé par l'ONU d'avoir tué, avec ses alliés congolais, plusieurs dizaines de milliers de Hutu en RDC en 1996-1997. Ce sujet reste très sensible: Kigali considère l'évocation de ces massacres comme relevant du négationnisme. Les responsables de ces crimes n'ont pas été inquiétés.
Rongée par la culpabilité de son inaction durant le génocide, la communauté internationale restera silencieuse, préférant soutenir le renouveau du pays (7,2 % de croissance moyenne entre 2012 et 2022) et ses remarquables progrès en matière d'infrastructures, de santé et d'éducation. Ce n'est qu'en 2012, après de premières accusations de soutien au M23, que les Occidentaux durciront le ton et réduiront leurs aides.
Seul un des onze partis d'opposition officiellement enregistrés ne soutient pas Paul Kagame.