MSF demande la "reprise immédiate" de l'aide alimentaire en Ethiopie

15:597/07/2023, Cuma
MAJ: 7/07/2023, Cuma
AFP
Crédit photo: Gueipeur Denis SASSOU / AFP
Crédit photo: Gueipeur Denis SASSOU / AFP

L'ONG Médecins sans Frontières (MSF) réclame vendredi la "reprise immédiate" de la distribution d'aide alimentaire en Ethiopie, suspendue depuis juin car massivement détournée, constatant des "niveaux alarmants" de malnutrition dans le pays.

En raison de conflits et violences dans plusieurs régions du pays et d'une longue sécheresse dans la Corne de l'Afrique,
"plus de 20 millions de personnes en Ethiopie"
, soit 16% des quelque 120 millions d'habitants
"dépendent fortement de l'aide alimentaire, particulièrement les réfugiés et les déplacés"
, rappelle l'ONG.

Le gouvernement américain et le Programme alimentaire mondial (PAM) de l'ONU ont suspendu début mai leur aide alimentaire à la région septentrionale du Tigré, ravagée par deux ans de guerre, avant d'étendre cette décision à l'ensemble de l'Ethiopie, en raison de détournements
"généralisés et coordonnés".

"Avant même que la suspension soit effective, nos équipes médicales constataient des niveaux alarmants de malnutrition aiguë, bien au-delà du seuil d'urgence de 15% fixé par l'Organisation mondiale de la Santé"
(OMS), affirme Cara Brooks, directrice de MSF en Ethiopie dans un communiqué.

La suspension de l'aide
"intervient après une déjà longue période de distribution d'aide sporadique et irrégulière, dans un contexte de situation humanitaire déjà désastreuse à travers le pays" qui connaît "sa pire sécheresse depuis 40 ans, des difficultés économiques et des violences incessantes"
, poursuit-elle.

Très touchée par la sécheresse qui a décimé les troupeaux des communautés pastorales, la région somali
"recense le nombre le plus important d'enfants de moins de cinq ans souffrant de malnutrition sévère et la plus faible couverture vaccinale du pays"
, engendrant un risque d'épidémies.

Au Tigré, entre janvier et avril - soit avant la suspension de l'aide - 72,5% des quelque 8.000 femmes enceintes ou récemment parturientes reçues par MSF dans ses deux hôpitaux de Shire et Shiraro, étaient sévèrement mal nourries.


Quant aux 17.803 enfants examinés, 21,5% souffraient de
"malnutrition aiguë modérée"
et 6,5% de
"malnutrition aiguë sévère"
, potentiellement mortelle, selon l'ONG.

Dans le camp de réfugiés de Kule, dans la région de Gambella (ouest), le nombre d'enfants de moins de cinq ans traités chaque mois depuis le début de l'année par MSF
"pour malnutrition sévère a quasiment doublé"
comparé à la même période de 2022.

Les rations de nombreux réfugiés en Ethiopie avaient déjà été réduites, rappelle MSF, les exposant à des risques de malnutrition et de carences et affaiblissant leur système immunitaire, ce qui augmente le risque de maladies infectieuses telles que rougeole et choléra dont des épidémies se répandent dans plusieurs régions.


L'Ethiopie a annoncé une enquête conjointe avec l'USAID, l'agence humanitaire du gouvernement américain, sur ces détournements d'aide.

Le PAM assure que la suspension ne concerne pas son aide nutritionnelle aux enfants, femmes enceintes et allaitantes, ou ses programmes de repas scolaires.


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