Kenya: Président Ruto et manifestations contre les taxes: vers un dialogue ?

12:4224/06/2024, Pazartesi
MAJ: 24/06/2024, Pazartesi
AFP
Le président kényan William Kipchirchir Ruto s'exprime lors d'une session plénière lors d'un Sommet sur la Paix en Ukraine au luxueux complexe Burgenstock, près de Lucerne en Suisse centrale, le 16 juin 2024.
Crédit Photo : URS FLUEELER / AFP
Le président kényan William Kipchirchir Ruto s'exprime lors d'une session plénière lors d'un Sommet sur la Paix en Ukraine au luxueux complexe Burgenstock, près de Lucerne en Suisse centrale, le 16 juin 2024.

Le président kényan William Ruto s'est dit prêt à "une conversation" avec les milliers de jeunes manifestants qui ont défilé dans tout le pays la semaine dernière contre un projet de nouvelles taxes, les organisateurs du mouvement l'appelant à accepter leurs demandes.

Malgré deux morts annoncées par des défenseurs des droits humains, M. Ruto a également salué dimanche le pacifisme des jeunes.


"Je suis très fier de nos jeunes (...) Ils se sont affirmés de façon pacifique et je veux leur dire que nous allons discuter avec eux"
, a-t-il déclaré lors d'un service religieux dans la ville de Nyahururu, à plus de 150 kilomètres au nord de Nairobi.

"Nous aurons une conversation avec vous pour identifier vos problèmes et travailler ensemble en tant que nation",
a assuré M. Ruto dans une déclaration partagée sur X par le porte-parole présidentiel Hussein Mohamed.

Les jeunes manifestants ont pris de court le gouvernement, alors que le mécontentement s'accentue au sujet des politiques économiques de M. Ruto.

"Nos jeunes se sont mis en avant pour débattre des affaires du pays. Ils ont accompli leur devoir démocratique, pour s'affirmer et être reconnus"
, a ajouté M. Ruto dans ses premiers commentaires publics sur le mouvement.

Une des organisatrices (bien organisatrice) du mouvement, Hanifa Adan, a déclaré à l'AFP que M. Ruto devait
"répondre publiquement"
aux demandes des manifestants d'annuler les nouvelles taxes. Elle a précisé se cacher pour éviter d'être arrêtée.

"Le président Ruto ne peut pas dire qu'il nous soutient alors que sa police brutalise des manifestants pacifiques",
a encore dit Mme Adan.
"Nous avons dépassé le stade des discussions et ne pouvons être réduits au silence. Nous demandons la fin des violences policières, le respect de nos droits constitutionnels et la liberté de nous exprimer sans crainte d'être arrêtés ou blessés".

Deux personnes sont mortes et des dizaines ont été blessées lors d'une manifestation jeudi dans la capitale, Nairobi, selon des défenseurs des droits.


Les manifestations ont été largement pacifiques, mais la police a fait usage de gaz lacrymogène et de canons à eau dans l'espoir de disperser les manifestants près du parlement.

Selon un responsable de la Commission des droits humains du Kenya, Evans Kiratu, 21 ans, a été
"touché par une cartouche de gaz lacrymogène"
avant de mourir à l'hôpital.

Un autre homme de 29 ans a été admis à l'hôpital de Nairobi jeudi à 19h00 (16h00 GMT)
"inconscient avec une blessure à la cuisse"
, avant de succomber à ses blessures, selon un rapport de police.

Plusieurs ONG, dont Amnesty International Kenya, ont affirmé qu'au moins 200 personnes avaient été blessées lors des manifestations de jeudi à Nairobi.

Amnesty Kenya a indiqué dimanche après-midi que
"ces dernières 72 heures, des organisateurs de manifestations, des créateurs de contenus, des médecins et des manifestants ont été profilés, enlevés et détenus en violation de nos lois".

L'organisation de défense des droits humains n'a pas précisé le nombre de personnes arrêtées. La police n'a pas fait de commentaire pour le moment.


Les rassemblements avaient commencé mardi à Nairobi avant de se répandre dans tout le pays. Un appel national à la grève a été lancé pour mardi.

L'administration du président Ruto a défendu son projet de nouvelles taxes, qu'elle juge nécessaires pour redonner des marges de manœuvre au pays, lourdement endetté.


M. Ruto a assuré dimanche que le projet incluait des mesures pour lutter contre le chômage des jeunes et faciliter l'accès à une meilleure éducation.

Le Kenya, l'une des économies les plus dynamiques d'Afrique de l'Est, a enregistré en mai une inflation de 5,1% sur un an, avec une hausse des prix des produits alimentaires et des carburants respectivement de 6,2% et 7,8%, selon la Banque centrale.


Un tiers de ses 51,5 millions d'habitants vit sous le seuil de pauvreté.


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