Crédit Photo : Jung Yeon-je / AFP
Cho Kuk, chef du South Korean Rebuilding Korea Party, prend la parole lors d'un événement de campagne pour les prochaines élections législatives à Séoul le 4 avril 2024.
Lassée par le gouvernement sud-coréen et voyant peu d'espoir dans l'opposition, Cho Young-moon revendique un vote de protestation lors des législatives du 10 avril, pour un tout nouveau parti mené par un politicien qui risque la prison.
Comme un nombre grandissant de Sud-Coréens, cette dentiste de 48 ans prévoit de voter pour le Parti reconstruire la Corée de l'ex-ministre de la Justice tombé en disgrâce, Cho Kuk, et son programme farouchement anti-gouvernemental.
La cote de popularité du président Yoon Sook Yeol stagne depuis des mois autour de 30%, en raison d'une litanie de scandales et du mécontentement des électeurs face à l'augmentation du coût de la vie, au ralentissement économique et à la grève des médecins qui se poursuit.
Bien que le parti de Cho Kuk propose peu de politiques substantielles, les récents sondages le montrent au coude-à-coude avec le Parti du pouvoir au peuple (PPP) de M. Yoon.
Les analystes estiment que son appel à la colère des électeurs pourrait ainsi lui permettre d'obtenir suffisamment de sièges au Parlement pour jouer le rôle de faiseur de roi.
Pour Cho Kuk, cependant, l'objectif est peut-être plus prosaïque: la vengeance. Autrefois étoile montante de la politique, cet ancien professeur de droit était pressenti pour se présenter à la présidentielle avant qu'un scandale d'admission à l'université n'éclabousse sa famille en 2019, avec à la tête de l'enquête l'actuel président Yoon.
Accusée d'avoir falsifié des documents pour permettre à ses enfants d'entrer à l'université, la femme de M. Cho a passé plus de trois ans en prison, sa fille a été contrainte de renoncer à sa licence de médecine et M. Cho lui-même risque deux ans derrière les barreaux si la Cour suprême rejette son appel.
Les poursuites engagées par M. Yoon notamment son rôle dans l'enquête qui a abouti à la destitution de l'ex-présidente Park Geun-hye en 2017 l'ont propulsé sur la scène nationale et lui ont permis de remporter la présidentielle de 2022, alors qu'il n'avait jamais exercé de fonctions électives auparavant.
Mais deux ans plus tard, l'histoire de M. Cho sert maintenant à amplifier son message anti-Yoon parmi les électeurs qui, selon les sondages, sont de plus en plus désenchantés par le président et son administration, a déclaré:
Je vais faire du président Yoon un canard boiteux, puis un canard mort.
Selon les experts, le fait qu'un parti créé il y a un mois seulement obtienne de si bons résultats dans les sondages témoigne d'un mécontentement généralisé à l'égard de M. Yoon et du Parti démocrate (PD) d'opposition, qui contrôle actuellement le Parlement.
Cela révèle
"l'échec total des deux grands partis à répondre aux demandes des électeurs"
, observe auprès de l'AFP Yoo Jung-hoon, un commentateur politique.
Le parti de Cho Kuk a un taux d'approbation de près de 30%, ce qui signifie, si ces chiffres se confirment, qu'il pourrait remporter 15 des 300 sièges du Parlement.
Grâce au système unique de représentation proportionnelle de la Corée du Sud, ces 15 sièges pourraient suffire à former une coalition qui empêcherait le PPP de M. Yoon de prendre le contrôle du Parlement pour la première fois depuis 2016.
La Constitution n'autorise en outre M. Yoon à effectuer qu'un seul mandat de cinq ans, et son parti cherche désespérément à prendre le contrôle du Parlement.
Mais les scandales, notamment l'acceptation par la première dame Kim Keon Hee d'un sac Dior et son implication dans une affaire de manipulation d'actions, ont alimenté le mécontentement de l'opinion publique à l'égard de son administration.
Selon Cho Kuk, les procureurs ont fait preuve de
à l'égard de M. Yoon et de sa famille, ce qui contraste fortement avec les poursuites engagées à l'encontre de la sienne, qui a "subi de durs procès pendant des années".
L'histoire personnelle de M. Cho contribue à galvaniser les électeurs mécontents des deux grands partis, relève auprès de l'AFP l'analyste politique Yum Seung-yul.
"(Cho Kuk) est considéré comme le plus endommagé"
par M. Yoon, en raison des poursuites agressives dont sa famille a fait l'objet, souligne-t-il.
Mais même s'il l'emporte, M. Cho pourrait ne pas conserver son siège au Parlement. Si la Cour suprême rejette son dernier recours, il sera emprisonné pendant deux ans. Aucun délai n'a été fixé pour la décision.
Lors d'un rassemblement dans le centre de Séoul la semaine dernière, des centaines de partisans de M. Cho ont scandé son nom et le slogan de son parti
"Trois ans, c'est trop long"
en référence au mandat restant de M. Yoon.
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