Crédit Photo : Aamir QURESHI / AFP
Le président du Parti populaire pakistanais (PPP), Bilawal Bhutto Zardari.
Une flèche -symbole de son parti- à la main, Bilawal Bhutto Zardari tente de galvaniser ses supporters lors d'un meeting électoral, jurant être le seul candidat à pouvoir sortir son pays du chaos politique avant les élections du 8 février.
"Quel est le symbole de la victoire? (...) Quel est le symbole du brave?..."
:
, l'emblème du Parti du peuple pakistanais (PPP), hérité de sa mère Benazir Bhutto, assassinée en 2007, rugit la foule.
"Nous promettons la fin de la politique traditionnelle de haine et de division, et nous appelons le peuple pakistanais à choisir une nouvelle manière de penser"
, dit-il ensuite à l'AFP, assis sur un siège d'apparat en bois.
"Nous comprenons que les gens ont différents points de vue. Mais cela ne signifie pas que vous deviez développer une animosité personnelle"
, ajoute-t-il, à l'occasion de ce meeting dans la ville de Bat Khela, dans le nord-ouest du Pakistan.
Quelque 127 millions de Pakistanais sont appelés à se rendre aux urnes pour des élections législatives et provinciales sur lesquelles pèse l'ombre de l'armée, qui a été au pouvoir pendant plusieurs décennies et continue à jouer les faiseuses de roi.
Le populaire ancien Premier ministre Imran Khan est incarcéré et ne peut se présenter. Et son parti, le Pakistan Tehreek-e-Insaf (PTI), est soumis à une répression sans précédent depuis qu'il a choisi de s'opposer frontalement à l'armée.
Dans le même temps, Nawaz Sharif, qui a déjà été trois fois Premier ministre, est rentré au Pakistan en octobre après quatre années d'exil à Londres et a bénéficié de l'annulation par la justice de deux condamnations précédentes pour corruption.
Le signe qu'il dispose avec son parti, la Ligue musulmane du Pakistan (PML-N), du soutien des militaires, qu'il accusait pourtant jusqu'à peu de l'avoir chassé du pouvoir en 2017.
"Politique des représailles"
Pendant que les injures et les accusations de trahison pleuvent entre ces deux camps, Bilawal Bhutto Zardari, 35 ans, tente de sortir son parti de la mêlée, prêchant la vérité et la réconciliation, promettant de libérer les
et d'en finir avec la
"politique des représailles"
.
"Tant qu'on n'aura pas établi des règles du jeu de base, ou un code de conduite sur la manière de faire de la politique dans ce pays, on continuera à avoir des problèmes"
, plaide-t-il.
Pour la troisième fois de suite, ces élections déboucheront sur un gouvernement civil, mais les analystes considèrent que l'armée s'immisce dans les affaires politiques à un niveau jamais vu ces dernières années.
Zulfikar Ali Bhutto, le grand-père de Bilawal, président puis Premier ministre du Pakistan, a été renversé en 1977 par un coup d'État militaire, puis pendu deux ans plus tard.
"L'influence de l'establishment militaire est une réalité au Pakistan"
, constate le petit-fils. "Mais si les politiques mettent de l'ordre dans leur maison", les militaires perdront en influence, veut-il croire.
Le PPP, fondé par Zulfikar, et la PML-N de la famille Sharif ont dominé la scène politique pakistanaise pendant plusieurs décennies.
L'ascension au pouvoir d'Imran Khan en 2018 avait été favorisée par l'armée, mais aussi perçue par la jeunesse comme une rupture avec l'emprise des dynasties familiales.
Le podium sur lequel Bilawal s'exprime est tapissé d'images de sa mère Benazir, la première femme de l'ère moderne à avoir dirigé un pays musulman, assassinée en pleine campagne électorale.
Après sa mort, il a pris la tête du PPP avec son père Asif Ali Zardari, président de 2008 à 2013. Il ne voit aucune contradiction à être un héritier privilégié et à se proclamer en même temps réformiste.
"Les Pakistanais ne me voient pas comme appartenant à un mouvement dynastique, ils me voient comme appartenant à la tradition d'un mouvement démocratique"
, insiste-t-il.
Il paraît improbable qu'il devienne cette fois-ci Premier ministre, le PPP semblant destiné à finir troisième des élections. Un sondage Gallup datant de décembre place sa cote de popularité à environ 20 points derrière Imran Khan et Nawaz Sharif.
Le PPP ne dispose que d'un soutien limité en dehors de son bastion, la province méridionale du Sind, et court le risque d'être relégué au simple rang de parti régional. Il n'a plus remporté d'élections législatives depuis 2008, lorsqu'il avait bénéficié de la vague de sympathie déclenchée par la mort de Benazir Bhutto, ni dirigé le gouvernement depuis 2013.
Plus récemment, Bilawal Bhutto Zardari a été ministre des Affaires étrangères dans un gouvernement de coalition entre le PPP et la PML-N, après la chute d'Imran Khan, évincé par une motion de censure en avril 2022.
"Il est très difficile de dire si je participerai à nouveau à une coalition avec le parti de M. Sharif"
, évacue-t-il, en insistant sur sa volonté de
"prendre une approche qui ne soit pas autant source de division"
que celle de ses deux rivaux.
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