A Bangkok la polluée, une salle "air propre" expérimentée dans des écoles publiques

11:3713/03/2024, mercredi
AFP
Des centaines d'enfants thaïlandais s'efforçant de chanter l'hymne national, des voix de roseaux et des poumons fragiles en compétition contre huit voies de circulation à côté de l'atrium ouvert de leur école dans le centre de Bangkok.
Crédit Photo : MANAN VATSYAYANA / AFP
Des centaines d'enfants thaïlandais s'efforçant de chanter l'hymne national, des voix de roseaux et des poumons fragiles en compétition contre huit voies de circulation à côté de l'atrium ouvert de leur école dans le centre de Bangkok.

Dans le centre de Bangkok, une salle de classe aménagée contre la pollution de l'air offre un refuge aux enfants du système public, laissés pour compte face au niveau élevé de particules fines qui menace leur santé.

"Ça fait une énorme différence"
, assure à l'AFP Jiraporn Sukpraserd, qui enseigne à des enfants en majorité âgés de moins de quatre ans, dans une pièce équipée de climatiseurs avec filtre purifiant.

Mais lorsqu'il faut aérer la pièce,
"la pollution revient à l'intérieur"
, concède la professeure âgée de 51 ans.

À l'école primaire Suan Lumphini, un drapeau dans la cour permet de renseigner la qualité de l'air chaque jour.
"La semaine dernière, c'était rouge et orange"
, soit les deux pires catégories, souffle-t-elle.

Durant les premiers mois de l'année, Bangkok traverse des épisodes sévères de pollution atmosphérique, souvent mêlés à des températures étouffantes.


Au pic des crises, la mégalopole de 12 millions d'habitants figure parmi les villes les plus polluées de la planète, affichant un niveau de particules fines PM2,5 largement au-dessus des seuils recommandés par l'Organisation mondiale de la santé.

Quatre écoles


Entre janvier et février 2024, quelque 910.000 personnes ont nécessité un traitement médical en raison de l'air vicié, selon des statistiques officielles. Les chiffres ne distinguent pas l'impact sur les enfants, particulièrement vulnérables.


Le brûlage des chaumes, les rejets atmosphériques des industries et les émissions des véhicules sont considérés comme les principales causes du nuage toxique, qui dépasse les limites de la capitale.

Pressé d'agir rapidement, le gouvernement a promis une loi pour améliorer la qualité de l'air.


En attendant, l'école Suan Lumphini, située entre un parc et une artère routière, bénéficie depuis novembre dernier d'une
"salle propre"
dotée de climatiseurs avec filtre purifiant, dans le cadre d'une étude menée par l'université Chulalongkorn de Bangkok.

Le programme, qui concerne environ 50 enfants répartis dans quatre écoles, permet aux enseignants et élèves de connaître en temps réel leur niveau d'exposition à la pollution, via des capteurs.


"La pollution affaiblit les étudiants"
, explique le proviseur de l'école Suan Lumphini, Suphatpong Anuchitsopapan.

"Si les enfants ont une bonne santé durant leurs études, alors ils pourront redonner à la société dans le futur"
, poursuit-il.

Alors que les écoliers des établissements privés huppés de Bangkok bénéficient de purificateurs d'air et de climatisation, beaucoup d'enfants dans le système public doivent faire sans.


Solution préliminaire


"Les enfants sont plus affectés par la pollution de l'air que les adultes",
affirme Teerachai Amnuaylojaroen, professeur associé à l'université de Phayao, qui étudie les questions liées à la pollution de l'air.

Ils respirent plus vite que les adultes, et inhalent ainsi plus de polluants, ce qui peut endommager leur développement, détaille-t-il.


Des pièces propres dans les écoles pourraient être un moyen efficace d'offrir
"un espace de sûreté aux enfants"
, estime-t-il.

Mais
"ce n'est qu'une solution préliminaire au problème"
, nuance M. Amnuaylojaroen.

À Suan Lumphini, tous les enfants ne bénéficient pas d'une salle de cours offrant une protection à la pollution de l'air. Les pièces, ouvertes vers l'extérieur, sont simplement équipées d'un ventilateur.


"Certains matins, en me réveillant, je remarque tout de suite que ce n'est pas un brouillard normal",
explique l'entrepreneur Bounleua Boriharn, en allant chercher sa fille de huit ans, qui étudie dans une pièce normale.

"J'essaie toujours de lui faire porter un masque"
, explique-t-il.
"C'est la seule chose que je puisse faire".

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