Taha Kılınç est né en 1980 à Mersin, dans le sud de la Turquie. Il est diplômé de la faculté de théologie de l'Université d'Istanbul. Kılınç a travaillé pour le journal Sabah entre les années 2011 et 2016. Le Moyen-Orient et le monde islamique sont les deux spécialités de Kilinc et là où il se sent le plus en paix. Il a 16 livres publiés et est marié et père de trois enfants.
Le vendredi 7 décembre 2012, il y a 13 ans, Gaza vivait un moment historique: Khaled Meshaal, le chef du Hamas âgé de 56 ans, qui a dû quitter la Palestine alors qu'il était enfant, a posé le pied à Gaza pour la première fois. Il est entré à Gaza par le poste frontière de Rafah, via l'Égypte, et s'est immédiatement prosterné en signe de louange, accueilli par des centaines de personnes, dont Ismail Heniyya.
Le principal objectif de la visite de Khaled Meshaal à Gaza était de célébrer le 25e anniversaire de la création du Hamas. Le samedi 8 décembre, lors de la cérémonie organisée dans le centre de Gaza, Meshaal et de hauts responsables du Hamas sont montés sur scène sous les applaudissements et les slogans.
Le moment le plus marquant de la cérémonie a sans doute été le geste enthousiaste de Khaled Meshaal brandissant le drapeau vert et noir de l'opposition syrienne, qui lui a été remis par la foule. Le Hamas, dont le siège se trouvait jusqu'à récemment à Damas, la capitale syrienne, a pris une décision morale et de principe au début de l'année 2012, lorsque le régime baasiste a commencé à faire pleuvoir les balles et les bombes sur son propre peuple, et Meshaal et ses amis ont quitté Damas pour s'installer à Doha, la capitale du Qatar. À l'époque, Meshaal s'est abstenu de rencontrer le chef du régime syrien, Bachar el-Assad, qui a insisté pour le rencontrer, et s'est abstenu de prendre des photos avec lui.
Ainsi, sur cette photographie prise depuis Gaza le 8 décembre 2012, Khaled Meshaal a une nouvelle fois annoncé au monde entier la position officielle de l'organisation qu'il dirige :
Le Hamas était du côté du peuple syrien contre la dictature baasiste.
Bien que la position de Khaled Meshaal soit conforme aux principales tendances du Moyen-Orient à l'époque, elle a mis en colère l'Iran, dont le soutien au Hamas n'est un secret pour personne. En fait, le Hamas et l'Iran se sont sérieusement refroidis, et le soutien et l'assistance ont pris fin. Ce qui s'est passé ensuite a obligé le Hamas à faire un choix crucial: Le Hamas, qui a eu sa part de répression et de poursuite contre les Frères musulmans dans le monde arabe depuis 2013, a vu la porte lui claquer au nez dans certaines capitales arabes. En 2017, les relations Hamas-Téhéran ont repris de la vigueur lorsque Khaled Meshaal a cédé la direction à Ismail Haniyeh. En 2020, Haniyeh a personnellement assisté aux funérailles à Téhéran de Qasem Soleimani, qui était en charge des opérations de nettoyage ethnique de l'Iran en Syrie, et a déclaré dans son discours que Soleimani était un "martyr de Jérusalem". Puis, en 2022, une délégation conduite par Khalil Hayye, une figure éminente du Hamas, s'est rendue à Damas et a rencontré Bachar al-Assad, annonçant ainsi le retour du Hamas à Damas.
Ensuite, le Déluge d'Al-Aqsa a eu lieu et de nombreux équilibres dans la région ont été radicalement ébranlés et modifiés. Suite à une succession d'événements, le régime Baas a été renversé en Syrie, la domination de l'Iran sur la Syrie a disparu et l'ombre de Téhéran au Liban s'est dissipée parallèlement à l'affaiblissement du Hezbollah. En outre, le Hamas, malgré l'horrible génocide infligé par Israël à Gaza, s'est renforcé, et est devenu l'acteur dominant de la scène politique palestinienne.
À ce stade, nous devons unir les cœurs et les esprits sur les fronts syrien et palestinien. Car chaque fois que l'Iran et le Hezbollah sont remerciés dans des déclarations officielles au nom du Hamas, les Syriens sont à nouveau blessés. D'autre part, le Hamas et la Palestine sont profondément sceptiques quant au nouveau chapitre qui s'est ouvert en Syrie. Dans des conversations privées, on peut même entendre les parties s'accuser mutuellement d'une manière plutôt inconvenante. C'est ce que montrent certains arguments et échanges sur les médias sociaux. Cependant, aujourd'hui comme tout au long de l'histoire, il est impossible de séparer Damas de Jérusalem, Mossoul d'Alep, Le Caire de Gaza. Si nous considérons notre géographie dans son ensemble, nous constatons que la seule personne capable d'établir un contact entre le Hamas et la nouvelle administration syrienne est Khaled Meshaal. La déclaration suivante faite par Meshaal, qui est l'un des noms ayant un "esprit d'état-major" dans le monde arabe, le 10 décembre - c'est-à-dire dès la chute du régime baasiste - peut être considérée comme une déclaration d'intention à cet égard:
"Je félicite le grand peuple syrien pour le succès de sa révolution contre l'oppression et la tyrannie. Malgré tous les sacrifices et toutes les souffrances, l'attachement du peuple syrien à la liberté, à la justice et à une vie digne est étonnant. Le peuple palestinien est toujours aux côtés du peuple syrien. Damas est une géographie où les anges déploient leurs ailes. Damas est la colonne vertébrale de l'Islam. Ô peuple syrien, votre victoire est une bonne nouvelle pour nous."
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