Les États-Unis ne sont pas seulement une composante de la table des 6, mais aussi de "sous la table"

11:515/04/2023, mercredi
Nedret Ersanel

Le week-end dernier, le président Erdogan a publiquement établi un lien entre les élections du 14 mai et Washington... Lors de sa visite de l’association Ülkü Ocakları, il a déclaré [concernant la visite de l’ambassadeur des États-Unis, Flake, au candidat à la présidentielle de l’opposition, Kemal Kilicdaroglu] : "Biden en parle. L’ambassadeur de Biden ici va rendre visite à M. Kemal. C’est une honte, faites travailler un peu votre tête. Vous êtes l’ambassadeur. Comment allez-vous maintenant demander

Le week-end dernier, le président Erdogan a publiquement établi un lien entre les élections du 14 mai et Washington...


Lors de sa visite de l’association Ülkü Ocakları, il a déclaré [concernant la visite de l’ambassadeur des États-Unis, Flake, au candidat à la présidentielle de l’opposition, Kemal Kilicdaroglu] :
"Biden en parle. L’ambassadeur de Biden ici va rendre visite à M. Kemal. C’est une honte, faites travailler un peu votre tête. Vous êtes l’ambassadeur. Comment allez-vous maintenant demander un rendez-vous au président ?
Nos portes lui sont fermées
, il ne pourra plus venir. Pourquoi ? Vous devez connaître vos limites. Vous apprendrez comment fonctionne un ambassadeur. Notre porte n’est pas celle d’une auberge de passage, vous ne pouvez pas entrer.
Nous devons donner une leçon tout particulièrement à l’Amérique lors de ces élections
."

Avec ces déclarations, la fonction d’ambassadeur de Flake a pris fin politiquement. À l’exception peut-être de l’unité "de rappel à l’ordre" du ministère des Affaires étrangères, toutes les institutions officielles lui sont maintenant inaccessibles.


Flake n'est qu'un pion. La vraie affaire, c'est Biden et le fait qu'un nouveau maillon a été ajouté à la chaîne de tension dans les relations entre les États-Unis et la Türkiye...


Permettez-moi de faire un rappel d’un article précédent :
"L’article 3 (du communiqué du Conseil National de la sécurité du 30 mars) est intéressant. Il a été noté que les récents développements en Syrie et en Irak, en particulier, ont une fois de plus contribué à comprendre les intentions réelles des acteurs qui continuent d’équiper le PKK / YPG de toutes sortes de moyens et de capacités, y compris des hélicoptères, sous prétexte de combattre l’organisation terroriste Daech. Ces déclarations peuvent ne pas sembler nouvelles. Cependant, un communiqué du CNS dans lequel les États-Unis sont si clairement décrits et pointés du doigt est rare, voire inexistant. Après l’incident de l’hélicoptère [transporant des terroristes du PKK], les déclarations du ministre de la Défense Hulusi Akar, 'ils ont été pris en flagrant délit', ont été soutenues par ce communiqué du CNS"
... (01/04)

Les activités de l'ambassadeur Flake, qui a reçu des instructions du président Biden, montrent déjà que
les États-Unis votent en faveur de l'opposition
. De plus, il n'y a pas besoin de quoi que ce soit, certaines des déclarations de leurs porte-parole ont toujours indiqué quels étaient leurs souhaits.

Quand le peuple donne une leçon aux États-Unis…


Regardons les déclarations faites par le ministre des Affaires étrangères Çavuşoğlu lors de sa visite à New York :
"Il est évident que les États-Unis fournissent toutes sortes d’armes, d’équipements et de soutien à la formation aux YPG / PKK en Syrie. Ils ne le cachent pas de toute façon. Il importe de savoir à qui appartiennent les hélicoptères
[qui se sont écrasés en Irak et qui comptaient à bord des dirigeants du PKK].
Qui les a achetés à qui, qui les a attribués, qui les a fait utiliser ?
Comment ont-ils formé les terroristes à faire fonctionner l’hélicoptère ? Mais après tout, qui contrôle l’espace aérien de cette zone ?
L’Amérique. Il y a une connivence. Ils ont même présenté leurs condoléances"
...

Nous sommes surpris de voir que certains sont surpris, alors qu’il n'y a pas de surprise, seuls de nouveaux éléments viennent s'ajouter au casier judiciaire des infractions américaines à l'encontre de la Türkiye. Encore une fois, même les personnes les plus américanistes en Türkiye savent qu'il y a de sérieux blocages dans les relations entre les deux pays...


Dans ce cas …


Si le peuple donne une leçon aux États-Unis lors des élections, quelle leçon le gouvernement turc renouvelé donnera-t-il aux États-Unis ?

Par exemple…


Y aura-t-il un affaiblissement de notre désir d’acheter les F-16 aux États-Unis ?


Allons-nous continuez à abattre les activités terroristes américaines, qui entraînent les pilotes du PKK, ferment les yeux sur les hélicoptères et présentent leurs condoléances à ceux qui y sont morts, avec des avions américains ? De plus, en payant ou en compensant le même pays qui ne nous donne pas les F-35 et ne nous rend par notre argent ?


Les États-Unis peuvent frapper Assad !…


Si le maintien du gouvernement actuel est voté, immédiatement après les élections,
la Türkiye sera au bord d’une conjoncture sans précédent et, en tant que pays doté d’incroyables possibilités de manœuvres stratégiques, elle se rapprochera le plus du sommet de sa transformation historique.

Par conséquent, avant même les élections, les États-Unis peuvent recevoir une "leçon préparatoire" et le dernier avertissement peut être lancé. Parce qu’ils ne comprennent toujours pas notre langue...


Akkuyu…


Au moment où ces lignes étaient écrites, les États-Unis avaient amené le George W. H. Bush, l’un de leurs plus grands porte-avions, au large de la Syrie, en prétextant des attaques par des pro-iraniens contre des bases / troupes américaines dans le pays.


C’est une première chose…


Le 27 avril, la centrale nucléaire d'Akkuyu sera chargée de combustible et deviendra officiellement une installation nucléaire.
Le fait que la Türkiye devienne une "puissance nucléaire" l'année du centenaire de la République est suivi avec beaucoup d'attention et d'inquiétude.
Il en va de même pour le fait que cette création de cette puissance se fasse avec les Russes.

À la veille des élections de mai, le partenariat nucléaire entre la Russie et la Türkiye est considéré comme l’une des formes de la "relation stratégique". L’éventuelle participation de Poutine à la cérémonie est également suivie de près. En fait, ce n’est un secret pour personne quant au favori de Moscou pour les élections. Mais on se demande s’il va combiner cela avec le symbolisme de l’installation nucléaire.


D’autre part, une autre question qui préoccupe également les États-Unis est la réunion du quatuor Türkiye-Russie-Syrie-Iran et la possibilité de développer une attitude commune. L’augmentation des attaques contre la présence militaire américaine en Syrie dans ce processus nous oblige à dévoiler les informations que nous gardons dans nos poches !


Il est difficile pour l’Amérique de digérer un processus dans lequel elle pourrait devoir quitter la Syrie.
Washington pourrait s’engager sur la voie de frapper Damas / Assad !

Pour ces raisons, les élections en Türkiye, la volonté de donner une leçon aux États-Unis, l’installation nucléaire d’Akkuyu, la table quadrilatérale syrienne, la visite possible de Poutine et le porte-avions américain sont sur le point de se rencontrer à une adresse commune où ils s’affronteront.


En d'autres termes, les Turcs apposeront leur empreinte non seulement sur un bulletin de vote comportant quatre options, mais aussi sur une urne de portée mondiale. Voyons s'ils parviendront à choisir la bonne "alliance".

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