ÉDITION:

L'Union européenne réduit la protection des loups

15:1125/09/2024, mercredi
AFP
Un loup est photographié dans une forêt près de la frontière russe, à Hukkajarvi, dans l'est de la Finlande.
Crédit Photo : Olivier MORIN / AFP Archive
Un loup est photographié dans une forêt près de la frontière russe, à Hukkajarvi, dans l'est de la Finlande.

L'Union européenne a approuvé la baisse du statut de protection des loups, suscitant la colère des associations environnementales.

L'UE souhaite passer d'une
"protection stricte"
à une
"protection simple"
, permettant d'éliminer plus facilement les loups lorsqu'ils sont jugés trop nombreux dans certaines régions, avec des quotas de chasse.

La proposition a obtenu une majorité qualifiée à Bruxelles lors d'une réunion des représentants permanents auprès de l'Union (Coreper), grâce au soutien d'une quinzaine d'États, dont la France et l'Allemagne, selon des sources diplomatiques.

La ministre allemande de l'Environnement Steffi Lemke, membre du parti Les Verts, a surmonté ses réserves.
"La population de loups a tellement augmenté ces dernières années que cette décision est nécessaire pour les éleveurs"
, a-t-elle déclaré.

Ce n'est toutefois qu'une étape: cette proposition doit encore être approuvée dans le cadre de la Convention de Berne sur la conservation de la vie sauvage, avant une éventuelle modification de la législation européenne.


Après avoir été presque éradiquée au XIXe siècle, la population de loups a augmenté au sein de l'Union, atteignant environ 20 300 individus en 2023, répartis dans 23 pays.

Cette expansion n'est pas sans heurts, principalement en raison des attaques contre le bétail, donnant lieu à des débats parfois enflammés entre partisans et opposants du carnivore.


Le poney d'Ursula von der Leyen


À l'automne 2023, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, dont le vieux poney avait été tué par un loup dans sa propriété familiale du nord de l'Allemagne, avait plaidé pour abaisser le niveau de protection de l'animal.


"La concentration de meutes de loups dans certaines régions européennes est devenue un réel danger pour le bétail et, potentiellement, pour l'homme",
déclarait-elle, provoquant la colère des ONG.

En Autriche, où le loup a progressivement fait son retour depuis 2009, la question a envahi les tabloïds et les réseaux sociaux cet été, avec des appels d'éleveurs à une
"régulation massive"
de l'animal, au grand dam des écologistes.

Les associations environnementales ont protesté à plusieurs reprises, demandant le maintien du statut actuel.


L'assouplissement des règles est une
"proposition politiquement motivée et qui n'est pas du tout fondée sur la science"
, accuse Sabien Leemans, responsable de la biodiversité au sein de l'ONG WWF.
"La principale différence est que cela permettrait de chasser les populations de loups."

En voulant réviser le statut du loup,
"la Commission met également en danger d'autres espèces : plusieurs pays se sont déjà engagés dans cette voie pour demander le déclassement de l'ours et du lynx"
, mettaient en garde onze associations en mars dernier.

Les défenseurs de l'environnement prônent l'application de solutions
"déjà existantes de cohabitation"
, telles que la protection des troupeaux avec des chiens de garde, des clôtures, ainsi que la mise en place de bénévoles pour surveiller les troupeaux la nuit.

Les tirs ne devraient intervenir qu'en
"ultime recours"
si l'effarouchement a échoué, estiment-ils.

En vertu de la directive européenne "Habitats" de 1992, la plupart des populations de loups en Europe bénéficient actuellement d'une
"protection stricte"
, assortie de possibilités de dérogations. Des loups peuvent être abattus pour protéger des troupeaux, dans des conditions très précises.

En France, où 1 003 loups ont été recensés en 2023, environ 20 % sont abattus chaque année, et les autorités ont prévu de simplifier les procédures de tirs. En 2022, les indemnisations pour les dégâts causés par les loups s'élevaient à quatre millions d'euros, bien moins que les 65 millions d'euros versés pour les dégâts causés par les sangliers et cervidés.


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