Vietnam: une célèbre militante écologiste condamnée à trois ans de prison pour évasion fiscale

09:4028/09/2023, jeudi
AFP
La militante écologiste Hoang Thi Minh Hong. Crédit Photo: X / @Reaproy.
La militante écologiste Hoang Thi Minh Hong. Crédit Photo: X / @Reaproy.

La justice vietnamienne a condamné jeudi Hoang Thi Minh Hong, une importante militante écologiste, à trois ans de prison pour évasion fiscale, un verdict qui illustre le climat de répression visant les défenseurs de l'environnement dans le pays communiste.

Le tribunal de Hô Chi Minh-Ville (sud) a reconnu la militante coupable de ne pas avoir payé 275.000 dollars d'impôts liées à l'activité de l'ONG Change qu'elle a fondée, a déclaré son avocat Nguyen Van Tu à l'AFP.

Créée en 2013, cette association, aujourd'hui disparue, visait à mobiliser les jeunes générations sur les défis environnementaux du Vietnam comme le changement climatique, le trafic d'espèces sauvages ou la pollution.


Arrêtée en mai dernier, Hoang Thi Minh Hong avait été placée en détention provisoire dans l'attente de son procès.


Son mari, Hoang Vinh Nam, a déclaré à l'AFP qu'il était
"déçu"
par cette peine, qu'il juge trop lourde.

"La peine infligée est injuste pour Hong. L'avocat de la défense a fait de son mieux, mais ses arguments n'ont pas été pris en compte correctement"
, a-t-il indiqué.

Mme Hoang a reconnu les faits qui lui sont reprochés et a versé à l'État environ 145.000 dollars en échange d'une clémence, ont indiqué les médias d'État.

Le Vietnam est régulièrement accusé par les groupes de défense des droits humains de réprimer toute voix dissidente, notamment celles dénonçant les atteintes à l'environnement, dans un pays où la promotion de la croissance économique et protection de la nature entrent parfois en collision.


Hoang Thi Minh Hong a mis fin aux activités de Change en 2022 après que le régime autoritaire communiste a emprisonné quatre autres militants pour l'environnement et les droits humains, à chaque fois pour évasion fiscale.

Arrestation troublante


Parmi eux, Nguy Thi Khanh, la fondatrice de Green ID, une ONG très connue au Vietnam, a passé près d'un an en prison, avant d'être libérée en mai.


Lauréate en 2018 du prix Goldman pour l'environnement, le "Nobel vert", cette dernière est l'une des rares à critiquer le pouvoir sur le recours toujours plus important aux centrales à charbon.


Cette vague de répression compromet les efforts du pays pour lutter contre les effets du changement climatique, auquel il est particulièrement vulnérable notamment en raison de sa population concentrée sur le littoral, ont dénoncé plusieurs ONG l'an dernier.


Le Vietnam vise la neutralité carbone d'ici 2050, un objectif encouragé en décembre par un groupe de pays riches et d'institutions internationales, qui se sont engagés à mobiliser 15,5 milliards de dollars pour aider Hanoï.

Mais début septembre, la police de Hanoï a arrêté la directrice d'un groupe de réflexion spécialiste de la politique énergétique, qui travaillait justement à la mise en oeuvre de ce plan.


Ngo Thi To Nhien, à la tête de l'Initiative du Vietnam pour la transition énergétique (VIET, en anglais), a été arrêtée le 15 septembre, selon l'ONG The 88 Project.


Elle a précédemment travaillé avec plusieurs organisations internationales, dont la Banque mondiale, l'Union européenne et les Nations unies.


Aucune information officielle sur ce qui est reproché à Mme Ngo n'a été rendue publique.


La condamnation de Mme Hoang, soutenue par le passé par la fondation Obama et classée par Forbes parmi les Vietnamiennes les plus influentes, intervient moins de trois semaines après la visite du président américain à Hanoï.


Joe Biden a convenu d'un nouveau
"partenariat stratégique"
avec le Vietnam, et a assuré avoir fait pression sur le plus haut dirigeant vietnamien en matière de droits humains.

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