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Le Bénin tend la main aux Afro-descendants avec sa nouvelle loi sur la naturalisation

Lilith Dorsey, citoyenne américaine, réside à la Nouvelle-Orléans aux États-Unis, mais c'est au Bénin qu'elle envisage de passer ses vieux jours.

09:41 - 9/08/2024 Cuma
AFP
Une statue géante en bronze de 30 mètres de haut, représentant une Amazone, est visible dans le centre de Cotonou le 17 septembre 2022.
Crédit Photo : Yanick Folly / AFP / Archive
Une statue géante en bronze de 30 mètres de haut, représentant une Amazone, est visible dans le centre de Cotonou le 17 septembre 2022.
Au cours des prochains mois, elle prévoit de demander la nationalité béninoise pour
"se sentir plus proche de sa terre d'origine",
profitant ainsi d'une nouvelle loi sur la reconnaissance de la nationalité aux Afro-descendants, adoptée le 30 juillet par le Bénin.

Cette loi, votée par le parlement à l'initiative du gouvernement de ce pays francophone d'Afrique de l'Ouest, se veut une réponse aux difficultés de
"quête d'identité auxquelles sont confrontés les Afro-descendants",
selon les autorités béninoises.

Pour le Bénin, la traite négrière a laissé de profondes cicatrices chez les descendants des personnes déportées et réduites en esclavage, qui sont nombreux à vouloir renouer avec la terre de leurs ancêtres en Afrique.

Ce nouveau texte, qui doit encore être promulgué par le président béninois Patrice Talon, permettra à
"toute personne qui, d'après sa généalogie, a un ascendant africain, subsaharien déporté dans le cadre de la Traite des Noirs et du commerce triangulaire"
d'obtenir la citoyenneté béninoise.

"La nationalité béninoise par reconnaissance confère à l'Afro-descendant bénéficiaire le droit à l'établissement d'une attestation de nationalité béninoise par reconnaissance et d'un passeport béninois",
précise le document adopté par les députés béninois.

Lilith Dorsey se dit
"très contente"
de cette initiative. Avec un sourire déclare-t-elle:

Ce qu'a fait le gouvernement du Bénin est extraordinaire et nous rapproche de nos frères d'ici.

Nathan Debos, un autre citoyen américain, compte également profiter de cette nouvelle opportunité. Il prévoit de se rendre au Bénin en janvier prochain pour assister aux Vodun Days, un événement festif dans la ville de Ouidah, dans le sud du pays, qui célèbre les arts, la culture et la spiritualité du culte vaudou.


"Quand j'y serai, je vais en profiter pour engager les formalités"
pour obtenir la nationalité, confie M. Debos, un trentenaire afro-descendant qui admet vivre aux États-Unis par dépit.

"Nous vivons là-bas comme si nous étions ailleurs, même si nous y sommes nés. C'est notre pays. Nous faisons face à trop de problèmes de racisme, et il est difficile pour nous de nous sentir chez nous",
déplore-t-il.

Terre d'accueil


Au Bénin, le retour des Afro-descendants venus d'Amérique et d'autres régions est très attendu par certains, comme Séraphin Adjagboni, chef dignitaire dans le sud du pays et infirmier à la retraite.
"Nos ancêtres l'avaient prédit... Sans ce retour, notre histoire ne sera jamais complète",
estime cet homme de 54 ans.

Il analyse:


Si nous peinons à concrétiser le développement de nos pays, c'est parce que nous avons une partie de nous ailleurs.

"Nous sommes ravis que le Bénin nous tende chaleureusement la main et nous accueille. C'est formidable pour nous",
explique Nathan Debos.

Cette ouverture suscite toutefois des inquiétudes, comme celles de Noël Sintondji, un Béninois de 24 ans. Cet étudiant craint que l'arrivée de
"nombreux Afro-descendants qui deviendront Béninois du jour au lendemain"
ne pose des problèmes sur le marché de l'emploi.

Il exprime également des préoccupations pour la sécurité, en soulignant que
"les Américains ont un usage facile des armes".

De son côté, Nadège Anelka, une Martiniquaise de 57 ans, a rencontré le président Patrice Talon lors de son séjour au Bénin en décembre dernier. Pour elle, cette nouvelle loi
"n'est pas forcément un appel au retour"
, mais plutôt une
"opportunité"
pour le Bénin de montrer sa solidarité envers les Afro-descendants et de se positionner avec compassion sur la scène internationale.

"Je me sens bien au Bénin et plus libre de m'épanouir",
explique Mme Anelka, qui s'est installée au Bénin et y a créé une agence de voyage.
"Dans chaque Béninois, je revois mes grands-parents. Je trouve que nous nous ressemblons, et c'est ce qui m'a interpellée la première fois que je suis venue",
confie-t-elle à l'AFP.

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