France: L'imam Mahjoubi expulsé vers la Tunisie

La rédaction
10:2323/02/2024, vendredi
MAJ: 23/02/2024, vendredi
Yeni Şafak
Le ministre français de l'Intérieur, Gérald Darmanin, le 9 février 2024.
Crédit Photo : Ludovic MARIN / POOL / AFP
Le ministre français de l'Intérieur, Gérald Darmanin, le 9 février 2024.

Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a confirmé l'expulsion de l'imam Mahjoubi ce jeudi soir, suite à un arrêté, moins de 12 heures après son interpellation.

L'imam Mahjoub Mahjoubi de Bagnols-sur-Cèze, au cœur d'une enquête pour
"apologie du terrorisme"
et propos
"anti-France"
, a été expulsé ce jeudi 22 février 2024 vers la Tunisie. C'est ce qui ressort d'une publication sur X (ex-Twitter) du ministre de l'Intérieur français.


Le religieux tunisien, avait été interpellé après une visite domiciliaire, une méthode qui permet d'interpeller un individu sans qu'il n'est commis de délit, contrairement à la perquisition. Gérald Darmanin s'est félicité d'avoir pu procédé aussi rapidement par l'utilisation des dispositifs de la "loi immigration", une loi controversée récemment adoptée le 26 janvier 2024.


L'arrêté d'expulsion du ministère de l'Intérieur reproche à l'imam Mahjoubi de tenir des propos
"littéralistes, rétrogrades, intolérants et violents"
. Ce même arrêté invoque l'urgence de la situation, qualifiant les déclarations de Mahjoubi de facteurs d'incitation à la discrimination et de catalyseurs du repli identitaire chez son auditoire.

Le mépris du droit


L'expulsion du religieux a été précédée de jours de tension alors que Mahjoub Mahjoubi se retrouve au centre de vives controverses pour ses prêches jugés
"anti-France"
. La cause de cette agitation est la diffusion sur les réseaux sociaux d'une vidéo dans laquelle l'imam qualifie le
"drapeau tricolore"
de
"satanique"
sans
"valeur auprès d'Allah"
.

Discours de Mahjoub Mahjoubi qui lui a valu l'expulsion du territoire français

Pour se défendre, l'imam a déclaré qu'il faisait référence à la coupe d'Afrique des nations, durant laquelle de nombreux jeunes d'origine africaine se querellent et s'insultent au nom d'un drapeau, pour un match de football.


Son avocat, maître Samir Hamroun, a exprimé son étonnement et son désarroi face à la rapidité de la procédure, déposant immédiatement un recours contre l'expulsion de son client.
"Nous sommes véritablement sous le choc"
, a déclaré l'avocat, soulignant leur impréparation face à cette arrestation soudaine.

La défense de Mahjoubi avait anticipé une mise en garde à vue dans le cadre de l'enquête pour apologie du terrorisme, mais pas une expulsion immédiate.


Dans cette affaire Mahjoubi, le principal intéressé n'a été ni inculpé, ni condamné par une quelconque décision de justice, et n'a eu aucune possibilité de recours devant les tribunaux. Une situation qui montre comment en France l'exécutif s'est accaparé d'une partie du pouvoir législatif en utilisant des lois controversées, la plus récente étant la loi immigration.

Elle témoigne également de l'inversement des normes du droit. Dans l'affaire Mahjoubi, ce n'est plus à la justice de trancher en se basant sur le droit, et rien que le droit, mais à l'exécutif de répondre à la polémique.


Quelques heures avant l'expulsion de l'imam, un sondage était diffusé puis repris par les chaines d'informations réactionnaires en boucle. Ce sondage indiquait que 91% des français étaient favorables à son expulsion.


Quelques heures après, l'imam était dans l'avion. Du populisme et une attitude digne de la téléréalité dans laquelle on demande l'avis du public. Un mépris total des règles les plus élémentaires du droit.



La communauté musulmane stigmatisée


Cette affaire qui secoue la communauté locale et suscite des interrogations quant à la liberté d'expression et aux limites de la tolérance religieuse. Sur les réseaux sociaux, de nombreux fidèles s'inquiètent, se demandant dans des Space sur X,
"qui sera le prochain ?".

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