Si la Nasa veut retourner sur la Lune, cette fois, c'est pour y rester. Avec son programme Artémis, l'agence spatiale américaine entend installer pour la première fois l'humanité sur un autre astre que la Terre.
Mais construire une base lunaire n'est pas une mince affaire. Electricité, véhicules, habitats... l'industrie spatiale est déjà à pied d'oeuvre pour développer les technologies nécessaires.
La base sera a priori composée de plusieurs sites, a-t-il aussi précisé, afin de diversifier les lieux d'exploration scientifique, et offrir davantage de flexibilité pour les alunissages.
Communications et courant
Malgré cet horizon lointain, les entreprises se bousculent déjà au portillon lunaire.
Pensez à un déménagement dans un nouvel appartement: la première chose à faire, c'est brancher son téléphone et internet.
Avec une constellation de deux satellites (pour commencer), l'entreprise veut devenir le fournisseur internet et GPS de la Lune. Et ainsi soulager le réseau de la Nasa, qui menace de surchauffe face à toutes les missions qui s'annoncent - y compris privées.
Deuxième impératif: brancher le courant.
Astrobotic (220 employés) est l'une des trois entreprises sélectionnées par la Nasa pour développer des panneaux solaires verticaux.
Au pôle sud de la Lune - destination visée car il s'y trouve de l'eau sous forme de glace - le Soleil ne s'élève que très peu au-dessus de l'horizon. Ses rayons frappent donc à l'horizontale.
Hauts d'environ 18 mètres, les panneaux d'Astrobotic seront reliés par des câbles de plusieurs kilomètres de long, décrit à l'AFP Mike Provenzano, chargé des équipements de surface lunaire.
Ils pourront être roulés et déroulés à volonté, et déplacés si besoin.
Véhicules
Pour les expéditions scientifiques de ses astronautes, la Nasa a demandé à l'industrie de plancher sur un véhicule non-pressurisé (ouvert) pour deux personnes, prêt pour 2028.
Contrairement aux rovers des missions Apollo, il devra aussi pouvoir fonctionner de façon autonome, pour des missions sans astronaute. Cela signifie survivre aux nuits lunaires, qui peuvent durer deux semaines, avec une température descendant jusqu'à environ -170 °C.
De nombreuses sociétés se sont lancées. Lockheed Martin profite de l'expertise de General Motors dans les véhicules électriques et tout-terrain.
Dynetics, filiale du géant Leidos, s'est associée avec la Nascar, organisatrice de courses automobiles aux Etats-Unis.
La poussière lunaire constitue un défi majeur, car n'étant pas érodée par l'eau ou le vent, elle est abrasive presque comme du verre.
La Nasa n'a pas encore annoncé la ou les entreprises sélectionnées. A plus long terme, elle travaille avec l'agence spatiale japonaise (Jaxa) sur un véhicule pressurisé, dans lequel porter une combinaison spatiale ne sera pas nécessaire.
Habitats
Enfin, il faudra aux astronautes une maison.
La Nasa a attribué un contrat de 57,2 millions de dollars à l'entreprise texane ICON, spécialisée dans l'impression en 3D, pour développer la technologie nécessaire à la construction sur la Lune de routes, pistes d'atterrissage et habitations. Le sol lunaire doit être utilisé comme matériau.
D'autres entreprises, comme Lockheed Martin, développent elles des concepts d'habitat gonflable.
A l'intérieur: chambres, cuisine, instruments scientifiques... Le tout, mobile.
Sur le très long terme, toute l'idée d'Artémis est de préparer des missions bien plus lointaines. Et de transformer la base lunaire en base martienne.