Une religion née de nulle part

16:2215/03/2025, samedi
MAJ: 15/03/2025, samedi
Taha Kılınç

Pour ceux qui s’interrogent sur la manière dont certaines divisions confessionnelles dans l’histoire de l’Islam, ou encore comment des religions modernes et humaines émergent, il existe un exemple assez récent : la transformation de l’alévisme. Depuis environ 40 ans, l’alévisme n’est plus perçu comme une interprétation de l’Islam ou un chemin particulier au sein de l’Islam, mais plutôt comme une religion totalement distincte et nouvelle, en dehors de l’Islam. Une religion sans prière, sans jeûne

Pour ceux qui s’interrogent sur la manière dont certaines divisions confessionnelles dans l’histoire de l’Islam, ou encore comment des religions modernes et humaines émergent, il existe un exemple assez récent : la transformation de l’alévisme.


Depuis environ 40 ans, l’alévisme n’est plus perçu comme une interprétation de l’Islam ou un chemin particulier au sein de l’Islam, mais plutôt comme une religion totalement distincte et nouvelle, en dehors de l’Islam. Une religion sans prière, sans jeûne (je parle du jeûne obligatoire du Ramadan), sans pèlerinage, sans voile, sans mosquée, où toutes les obligations et interdictions fondamentales de l’Islam ont trouvé des alternatives. Elle possède ses propres rituels, ses propres formes de culte, ses propres lieux de prière, ses propres symboles et son histoire alternative. Elle se réclame de l’Imam Ali, mais le portrait qu’elle en dresse est complètement inédit. Par exemple, il n’est pas rare de lire des définitions comme celle-ci : "Les alévis n’ont pas accepté l’Islam tel quel et ne se sont pas arabisés. Ils ont adouci l’Islam en le mélangeant avec la croyance en Tengri, l’humanisme et le chamanisme. En réalité, l’alévisme est une philosophie de la nature qui existait déjà sous d’autres noms bien avant toutes ces religions. Son dieu est la nature et l’univers."


Une croyance qui se réclame de l’Imam Ali est ainsi louée, tout en insistant sur le fait qu’elle ne s’est pas arabisée. Cela pourrait prêter à sourire, mais ce n’est pas une blague.


Et ce n’est pas tout. Ce nouvel alévisme est en même temps violemment hostile à l’Islam et aux musulmans. Bien qu’il adopte constamment une posture de victime et d’opprimé, il suffit d’observer les alliances qu’il noue et les personnes qu’il défend avec ferveur pour comprendre ce qu’il est capable de faire lorsqu’il détient le pouvoir. Son animosité et son hostilité sont entièrement dirigées contre les musulmans.


Ce groupe, qui peut être logiquement qualifié d’"alévisme politique" ou de "partisan de l’alévisme politique" – car ils utilisent l’alévisme comme un prétexte pour masquer leur haine de l’Islam et préserver leur propre hégémonie – considère les alaouites de Syrie comme leurs frères, uniquement en raison de leur animosité commune envers l’Islam. Or, l’alévisme classique anatolien n’a historiquement rien à voir avec l’alaouisme. L’alaouisme attribue une divinité à l’Imam Ali, accepte la réincarnation, élabore une conception sacrée du monde fondée sur des interprétations ésotériques et va jusqu’à légitimer des mariages au sein d’une même famille – une croyance qui se situe entièrement en dehors de l’Islam.


La transformation politique de l’alaouisme est d’ailleurs assez récente, remontant à seulement 40 ou 50 ans :


En 1970, Hafez al-Assad, à la suite d’un coup d’État au sein du Parti Baas, prend le pouvoir. Trois ans plus tard, il tente de modifier la constitution en supprimant la mention "La religion du chef de l’État est l’Islam". En effet, étant donné qu’il était alaouite, cette clause remettait en cause la légitimité de sa présidence.


Lorsque les oulémas de Damas et d’autres savants s’opposèrent massivement à cette initiative, Assad se tourna vers Musa Sadr, un religieux chiite libanais, et obtint une fatwa affirmant que l’alaouisme était une branche légitime du chiisme. Jusqu’alors, le chiisme traditionnel considérait les alaouites comme des "mécréants".


Après cette fatwa, la modification de la constitution devint inutile. Hafez al-Assad, puis son fils Bachar, maintinrent leur domination sur la majorité sunnite et musulmane du pays par des massacres, par la manipulation d’oulémas qu’ils avaient corrompus et par l’instauration d’un régime de terreur. Pour masquer leur alaouisme, ils n’ont jamais manqué d’organiser des prières de l’Aïd et de poser devant les caméras aux côtés de figures religieuses. L’Iran, dont le nom officiel est la "République islamique", a soutenu ce régime jusqu’au bout, sans jamais se préoccuper des croyances des baasistes ni des terribles dégâts spirituels et historiques qu’ils ont infligés à la Syrie. Bien au contraire, dans sa politique expansionniste chiite, l’Iran a tenté de bâtir son influence sur ces ruines.


Dans ce contexte, un autre point très intéressant mérite d’être souligné :


Les sionistes, les partisans de l’alévisme politique, les chiites extrémistes, les sympathisants du PKK et les activistes LGBT se retrouvent sur des positions communes. Écoutez leurs discours : ils sont toujours victimes et opprimés. Ils sont constamment marginalisés et persécutés. Tout le monde chercherait à les exterminer. Ils auraient toujours raison.


Et pourtant, malgré ce discours larmoyant, lorsque ces groupes accèdent au pouvoir ou à des ressources, leur cruauté, leur égoïsme et leur absence totale de compassion ont été démontrés à de nombreuses reprises.


Il doit forcément y avoir des explications sociologiques et historiques à cette ressemblance et à cette convergence entre ces cinq catégories. Une petite réflexion permettra aux lecteurs clairvoyants d’aboutir à des conclusions tangibles.

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