Au cœur du grand marché Dantokpa de Cotonou, la boutique de vente de maïs appartenant à la famille Makpènon est depuis quelques jours moins fréquentée que d'habitude. L'entreprise, comme d'autres dans la capitale économique du Bénin, tourne au ralenti en raison de la hausse des prix du maïs.
En l'espace de quelques jours, le prix du kilogramme de maïs a doublé, passant de 200 francs CFA (0,30 centimes) à 400 francs CFA (0,61 euros), avec même un pic à 450 francs CFA, selon les commerçants du marché.
La hausse des prix au Bénin résulte de la fermeture de la frontière avec le Niger, principal partenaire commercial du pays, à la suite d'un coup d'État en juillet 2023, mais également de la fin de la subvention des carburants au Nigeria voisin, où le Bénin s'approvisionne pour sa consommation intérieure.
L'augmentation du coût des denrées alimentaires dans ce petit pays d'Afrique de l'Ouest a incité les syndicats béninois à appeler à une série de manifestations sans précédent contre le coût de la vie.
La troisième, prévue samedi, a quant à elle été autorisée.
Lutter contre la vie chère
En 2023, l'économie béninoise s'est montrée résiliente malgré les chocs économiques externes auxquels le pays a dû faire face, selon la Banque mondiale.
Lors d'un conseil des ministres tenu mercredi, le gouvernement a toutefois temporairement suspendu les exportations de céréales afin de freiner la flambée des prix.
Les critiques accusent régulièrement le président béninois d'avoir opéré un virage autoritaire dans ce pays autrefois salué pour le dynamisme de sa démocratie.
Près de 30 manifestants et leaders du mouvement syndical ont été arrêtés ce jour-là, avant d'être relâchés un peu plus tard.
Arsène Olory-Togbe, infirmier, 48 ans explique:
Les travailleurs peinent à se faire entendre. Nous avons des revendications, mais aucun moyen de les extérioriser.
Le 1er mai, la Confédération des syndicats des travailleurs du Bénin (CSTB Bénin), principale organisation syndicale du pays a organisé une nouvelle manifestation, qui a aussitôt été interdite par les autorités.
Anselme Amoussou, secrétaire général de la CSA Bénin, deuxième plus grande organisation syndicale du pays a indiqué:
Nos motivations sont relatives au mal-être majoritaire au sein des citoyens aujourd'hui. La vie chère et l'amenuisement du pouvoir d'achat.