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"Plus d'espoir" : en Inde, des familles éplorées après une coulée de boue meurtrière

Au moins 150 personnes sont mortes, surprises chez elles aux premières heures de la journée de mardi, et 500 autres ont été secourues. Mais de nouvelles pluies s'annoncent déjà.

16:42 - 31/07/2024 mercredi
AFP
Le personnel de secours soulève le corps d'une personne décédée, lors d'une opération de recherche et de sauvetage après des glissements de terrain à Wayanad, le 31 juillet 2024.
Crédit Photo : Idrees MOHAMMED / AFP
Le personnel de secours soulève le corps d'une personne décédée, lors d'une opération de recherche et de sauvetage après des glissements de terrain à Wayanad, le 31 juillet 2024.

Le bruit de la terre en mouvement a réveillé Abdul Kareem, un ouvrier agricole, et son épouse qui ont pu s'enfuir précipitamment avant que leur village dans une zone reculée de l'État du Kerala sur la côte ouest de l'Inde ne soit submergé par une coulée de boue.


Si Abdul Kareem, 52 ans, s'en est sorti indemne, il doute que sa famille et ses voisins aient eu cette chance. Planté à l'extérieur de la clinique prise d'assaut de Meppadi, il surveille l'arrivée des équipes de secours et des corps qu'elles ont récupérés.
"Le père de ma femme ne marche pas très bien"
, dit-il à l'AFP.
"La veille au soir, j'ai eu mes sœurs au téléphone, elles étaient chez elles et elles ont été piégées"
, ajoute-t-il, avant d'avouer:
"Nous n'avons aucun espoir. La situation est catastrophique là-bas"
.

"Cela a été horrible"


Une dizaine de membres de sa famille, peut-être plus, font partie des victimes. Des maisons ont été littéralement ensevelies sous de la boue et des débris de toute sorte, d'autres ont été englouties par les eaux de crue ou déplacées par des tonnes de rochers et de terre. Célèbre pour ses plantations de thé, le district du Wayanad enregistre régulièrement des inondations pendant la saison des moussons. Des jours entiers, le ciel s'ouvre et déverse des torrents d'eau. La population a l'habitude.
"Mais cette année, cela a été horrible"
, assure Abdul Kareem qui, tous les ans, prend ses précautions et s'organise pour mettre sa famille hors de portée des crues de l'Iruvazhinji, la rivière voisine, qui inondent sa maison.

Il a passé la nuit suivante près de la clinique de Meppadi, avec des centaines d'habitants de la région rongés d'angoisse. Des lieux qui font désormais office de morgue de fortune et de centre de tri pour les rescapés. La foule se presse auprès des ambulances, à la recherche du moindre indice, vêtement ou bijou caractéristique, etc., qui permette d'identifier un cher défunt sous les draps recouvrant les cadavres. Une équipe de volontaires s'affaire à nettoyer des corps rendus méconnaissables par la boue et la gangue de terre les enveloppant.


"Comme une énorme bombe"


La force de l'eau a été fatale à bon nombre de victimes qui avaient échappé à la coulée de boue, observe Arun Dev, un riverain de la clinique venu aider une équipe médicale débordée.
"Ceux qui ont pu fuir ont été balayés le long des maisons, des temples et des écoles",
raconte-t-il à l'AFP, et les sauveteurs ont retrouvé des corps démembrés et éparpillés à plusieurs kilomètres du site de la catastrophe.
"Cela ne va pas s'améliorer dans les prochains jours"
, soupire-t-il.

Le seul pont reliant les villages les plus sinistrés de Chooralmala et de Mundakkai a été rayé de la carte et les secours ont dû utiliser une tyrolienne pour transporter les cadavres. L'armée, les pompiers et des bénévoles ont porté secours à des centaines de personnes et pas moins de 3.000 ont trouvé refuge dans un camp monté à proximité.


Kedarbai, 30 ans, travaille dans une plantation de thé. Elle a été miraculeusement réveillée en sursaut par
"le bruit comme d'une énorme bombe"
, ce qui lui a laissé le temps de quitter sa chambre à coucher avec son jeune enfant avant qu'elle ne soit engloutie par la boue.
"On ne savait pas ce qui allait nous arriver, on a beaucoup de chance d'être en vie"
, dit-elle.

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