Dans un rapport de 84 pages, la Commission nationale des Droits de l’Homme a présenté le résultat de ses enquêtes menées à la suite des événements du 20 octobre 2022.
Selon cette institution, les investigations menées sur la période allant du 7 novembre 2022 au 7 février 2023 ont permis de comptabiliser 128 morts, 518 blessés et 12 disparus lors des marches de protestation organisées par des partis politiques et de la société civile le 20 octobre 2022.
Ces chiffres sont en contradiction avec ceux du gouvernement qui avait, dans un premier temps, avancé le nombre de 50 morts avant de revoir le bilan en hausse à 73 victimes.
La commission assure avoir réalisé cette enquête avec la collaboration de l’état-major général des armées, la direction de l’Agence nationale de sécurité (ANS), la direction générale de la Police nationale, la Légion n°10 de la Gendarmerie, le Commissariat central de N’Djamena et des structures sanitaires.
L’enquête et les investigations ont été menées par cinq équipes. Elles ont été réalisées dans les provinces du Logone Occidental, du Mandoul, du Moyen-Chari, du Logone Oriental et la ville de N’Djamena.
Dans la synthèse de ses travaux, la CNDH conclut que les responsabilités sont clairement partagées. Elle accuse les forces de l’ordre d’avoir fait un usage disproportionné de moyens pour contenir les manifestants. De même, elle reproche également aux organisateurs d’avoir commis l’erreur monumentale d’inciter leurs membres à descendre dans la rue malgré l’interdiction du ministère de la Sécurité publique. Cependant, l’enquête n’a pas permis de déterminer la personne qui a donné aux policiers l’ordre d’ouvrir le feu sur les manifestants.
Le 20 octobre 2022, plusieurs villes du Tchad, dont N’Djamena la capitale, ont été le théâtre de marches de protestation. Des manifestants ont répondu à l’appel des partis politiques tels que les Transformateurs de Dr Succès Masra, le PSF de Yaya Dillo et la coalition de la société civile Wakit Tamma.
Ces organisations protestent contre la prolongation de la transition de 24 mois et le maintien du général Mahamat Idriss Déby comme chef de la transition. Ce dernier a pris le pouvoir à la suite du décès du président Idriss Déby Itno, mort au front le 20 avril 2021 lors d’une attaque du mouvement rebelle du Front pour l’alternance et concorde au Tchad (Fact).