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L'État français veut racheter les activités sensibles d'Atos pour 700 millions d'euros

L'État français a fait une offre de 700 millions d'euros pour acheter les activités d'Atos jugées stratégiques et sensibles, dont les supercalculateurs utilisés pour la dissuasion nucléaire, a annoncé vendredi le groupe informatique français, en pleine restructuration.

17:49 - 14/06/2024 vendredi
AFP
Le ministre français de l'Économie et des Finances Bruno Le Maire a précisé que "d'autres entreprises pourraient être partenaires" pour acheter les "activités stratégiques" d'Atos, et "garantir" ainsi qu'elles "restent sous le contrôle total ou partiel de l'État."
Crédit Photo : DAMIEN MEYER / AFP
Le ministre français de l'Économie et des Finances Bruno Le Maire a précisé que "d'autres entreprises pourraient être partenaires" pour acheter les "activités stratégiques" d'Atos, et "garantir" ainsi qu'elles "restent sous le contrôle total ou partiel de l'État."

Cette offre vise à éviter que ces activités, qui touchent à la souveraineté de la France, ne tombent entre les mains d'acteurs étrangers. Elle intervient deux jours après le choix du consortium mené par Onepoint pour la reprise d'Atos.


La proposition de l'État français, formulée dans une
"lettre d'offre confirmatoire non engageante",
concerne
"l'acquisition potentielle de 100% des activités d'Advanced Computing, de Mission-Critical Systems et de Cybersecurity Products de la division BDS (Big Data & Cybersécurité)"
d'Atos, a indiqué le groupe.

Ces activités englobent les supercalculateurs utilisés pour la dissuasion nucléaire, les contrats avec l'armée française et les produits de cybersécurité.

Atos a poursuivi:


Cette offre porte sur une valeur d'entreprise globale de 700 millions d'euros.

La valeur indicative de ces activités était estimée entre 700 millions et un milliard d'euros, avait indiqué le groupe fin avril, au début des discussions.


Dans son communiqué Atos a mis en garde:


Aucune certitude ne peut être apportée quant à l'issue des négociations et à la conclusion d'un accord définitif entre les parties.

Son conseil d'administration et sa direction
"vont discuter de cette proposition avec l'État".

"Nous ferons tout pour sanctuariser la partie des actifs dits ultrasensibles, mais nous serons très vigilants à ce qu'ils ne soient pas bradés"
, avait affirmé mercredi aux Echos David Layani, patron de Onepoint, après être sorti gagnant de la compétition pour la reprise d'Atos face au milliardaire tchèque Daniel Kretinsky.

Le ministre français de l'Économie et des Finances Bruno Le Maire a précisé vendredi matin sur le media franceinfo que
"d'autres entreprises pourraient être partenaires"
pour acheter les
"activités stratégiques"
d'Atos, et
"garantir"
ainsi qu'elles
"restent sous le contrôle total ou partiel de l'État."

Nucléaire, armée et écoutes


Partenaire informatique mondial du Comité international olympique (CIO) depuis 2002, Atos sera l'un des piliers technologiques des JO-2024 de Paris. Il sera chargé de la gestion des accréditations, de la diffusion instantanée des résultats ou encore de la cybersécurité.

Embourbé dans une crise financière depuis près de trois ans, le groupe avait enclenché en février une procédure de restructuration.


Il avait annoncé avoir besoin de 1,1 milliard d'euros de liquidités pour 2024-2025 et vouloir réduire de 3,2 milliards d'euros sa dette brute, qui a atteint 4,8 milliards d'euros, pour sauvegarder son activité.


Au cours des 12 derniers mois, l'action Atos a perdu plus de 90% de sa valeur, et affiche une baisse de plus de 20% depuis l'annonce du choix de Onepoint comme repreneur. Vendredi matin, elle progressait toutefois, à 90 centimes d'euro vers 09H35.

Depuis le début de la chute du géant, le sort de ses activités stratégiques est un enjeu politique majeur.


Sa branche "Advanced Computing" comprend les supercalculateurs et les serveurs participant à l'intelligence artificielle (IA) et à l'informatique quantique. Ces supercalculateurs sont essentiels à la simulation d'essais nucléaires ou à la gestion du parc des centrales nucléaires d'EDF, le géant énergétique français.


La branche MCS, elle, comprend le système de commandement de Scorpion (programme de modernisation de l'armée de Terre), des outils de navigation pour les forces navales et la marine marchande, ou de cartographie en temps réel pour les militaires.


MCS est également chargée de la sécurisation des réseaux de communication à bord des avions Rafale "F4" de Dassault, et comprend la société Avantix, spécialisée dans les systèmes d'écoute pour les services de renseignement.


Dans la foulée du choix de Onepoint, Atos avait annoncé être entré en négociations exclusives avec le groupe français d'ingénierie Alten en vue de la vente de Worldgrid, sa filiale hautement critique qui conçoit les systèmes de pilotage des centrales nucléaires, notamment pour EDF.

Dans son communiqué vendredi, Atos confirme
"son objectif de parvenir à un accord définitif de restructuration financière avec le consortium Onepoint et ses créanciers financiers"
, pour une mise en oeuvre
"d'ici juillet".

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