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ÉDITION:

L’alchimie d’Athènes est perturbée

11:071/10/2024, mardi
Yahya Bostan

Vous connaissez les bateaux des garde-côtes grecs aperçus dans les eaux de Bodrum et de Datça. Il s'agit d'une provocation visant à perturber la communauté turque. Athènes ne s'est pas arrêtée là. Dans une lettre adressée au Congrès américain, le lobby grec a présenté la Türkiye comme un pays ennemi. Mais d'un autre côté, le Premier ministre grec Mitsotakis, sur l'estrade de l'ONU, a tenu de nouveaux propos: "Il y a une opportunité de déterminer les zones de juridiction maritime avec la Türkiye,

Vous connaissez les bateaux des garde-côtes grecs aperçus dans les eaux de Bodrum et de Datça. Il s'agit d'une provocation visant à perturber la communauté turque. Athènes ne s'est pas arrêtée là. Dans une lettre adressée au Congrès américain, le lobby grec a présenté la Türkiye comme un pays ennemi. Mais d'un autre côté, le Premier ministre grec Mitsotakis, sur l'estrade de l'ONU, a tenu de nouveaux propos: "Il y a une opportunité de déterminer les zones de juridiction maritime avec la Türkiye, nous devrions être courageux". Il s'agit d'une déclaration importante.

Que signifient ces évolutions contradictoires mais simultanées ? Permettez-moi de répondre: Ces trois développements successifs ont perturbé l'alchimie d'Athènes. Les contradictions indiquent une dérive. Examinons maintenant ces évolutions.

NOUVEAU STATU QUO EN MÉDITERRANÉE ORIENTALE

La doctrine de la patrie bleue développée par Ankara s'explique par la tentative d'un consortium dirigé par les États-Unis de confiner la Türkiye à ses côtes en Méditerranée orientale. La Türkiye a répondu par l'accord sur la Libye. La Grèce, à son tour, a signé un accord avec l'Égypte. La tension croissante en Méditerranée orientale s'est apaisée après ce nouveau statu quo sur le terrain. Ou bien elle a été reportée.

Le mois dernier, ce statu quo a connu une profonde rupture. Je fais référence à la visite du président égyptien al-Sissi à Ankara le 4 septembre, visite qui, comme l'a déclaré un fonctionnaire égyptien, visait à "rechercher une coopération stratégique plus globale, y compris en Méditerranée orientale". J'avais prédit qu'Athènes s'en inquiéterait. Toutefois, je ne m'attendais pas à ce que l'impact de la visite se fasse sentir aussi rapidement. Je l'ai expliqué dans l'article intitulé "Attente d'une rupture tectonique en Méditerranée orientale" du 6 septembre, mais je ne m'attendais pas à ce que l'impact de la visite apparaisse aussi rapidement.

Athènes craint que le développement des relations turco-égyptiennes ne soit couronné par un nouvel accord sur la Méditerranée orientale. Si cela se produit - et il y a des signes en ce sens - l'accord Athènes-Le Caire, qui constitue la base de la thèse grecque, sera rendu caduc (cet accord est une perte pour l'Égypte. L'Égypte a perdu 21 000 kilomètres carrés en Méditerranée).

C'est la raison du discours du Premier ministre grec Mitsotakis à l'Assemblée générale des Nations unies. Athènes voit que l'on va lui couper l'herbe sous le pied en Méditerranée orientale. C'est pourquoi Mitsotakis a déclaré: "Une fenêtre d'opportunité s'est ouverte pour la détermination des zones de juridiction maritime entre la Türkiye et la Grèce. Nous devons avoir le courage d'en faire usage". Nous verrons si cette question sera abordée lors de la prochaine réunion du Conseil stratégique de haut niveau Türkiye-Grèce.

LA TÜRKIYE REVIENT-ELLE DANS LE PROGRAMME F-35 ?

Le deuxième développement qui inquiète Athènes concerne les pourparlers entre la Türkiye et les États-Unis. Le ministre des affaires étrangères, Hakan Fidan, a déclaré que des négociations étaient en cours pour lever les sanctions CAATSA contre la Türkiye. Il s'agit également d'une déclaration importante. Elle est étroitement liée au projet F-35. Les mots de Fidan "Les deux parties conviennent que cette question est une pierre d'achoppement" sont importants.

Ces déclarations ont déclenché un grand débat non pas en Türkiye, mais en Grèce. Athènes n'a pas jugé suffisant l'accord de coopération en matière de défense signé par les États-Unis avec la partie grecque de Chypre. Une campagne a été lancée pour exclure la Türkiye du programme F-35. Le Hellenic American Leadership Council, le lobby grec aux États-Unis, a envoyé une lettre aux membres du Congrès avec des déclarations empoisonnées.

LEVÉE DES SANCTIONS

Le journal grec Kathimerini a laissé entendre que les S-400 seraient placés sous contrôle américain à Incirlik en échange de leur réintégration dans le programme F-35 (les États-Unis avaient en effet fait cette offre, mais Ankara ne l'avait pas acceptée). Des sources du ministère de la défense ont décrit cette affirmation comme "une tentative de pays tiers de créer des perceptions".

Pour ajouter du sel aux inquiétudes grecques, le ministre des affaires étrangères Fidan a été invité à une réunion informelle des ministres des affaires étrangères de l'UE. Lors de cette réunion, Fidan a demandé la levée des sanctions imposées à la Türkiye en 2019 (la raison de ces sanctions est la Méditerranée orientale). Par ailleurs, des progrès ont été réalisés dans ce domaine. Des pays comme le Canada, la Suède et les Pays-Bas ont été suivis par la Norvège, qui a levé les sanctions contre la Türkiye le 11 septembre. La Grèce doit constater que ce processus se dirige vers la question du CAATSA (l'Allemagne traîne encore les pieds).

C'est précisément dans cette conjoncture que les bateaux grecs que nous avons vus au large de Bodrum et de Datça ont pénétré dans nos eaux territoriales. En définitive, Athènes souhaite que la Türkiye ait des problèmes avec les capitales occidentales. Elle se nourrit de crises et de tensions. S'il n'y a pas de crise, elle en créera une. Athènes souhaite que la Türkiye soit exclue du programme F-35 et que les sanctions de l'industrie de la défense à l'encontre d'Ankara se poursuivent. Elle doit donc se préparer à de nouvelles provocations.

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