Peu importe ce que tu dis…

15:3912/04/2025, samedi
MAJ: 16/04/2025, mercredi
Taha Kılınç

Il y a quelque temps, j’ai donné une conférence sur le thème du “Moyen-Orient et du monde islamique” dans l’un des grands districts d’Istanbul. Je m’exprimais devant un public nombreux, dans une salle assez vaste. Des représentants de la presse locale étaient également présents pour couvrir l’événement. Le lendemain, j’ai regardé le lien qu’ils m’avaient envoyé. Le titre était énorme : “Taha Kılınç : Les Arabes nous ont poignardés dans le dos !” Je l’ai relu. Oui, c’était bien ce qui était écrit.

Il y a quelque temps, j’ai donné une conférence sur le thème du “Moyen-Orient et du monde islamique” dans l’un des grands districts d’Istanbul. Je m’exprimais devant un public nombreux, dans une salle assez vaste. Des représentants de la presse locale étaient également présents pour couvrir l’événement.


Le lendemain, j’ai regardé le lien qu’ils m’avaient envoyé. Le titre était énorme : “Taha Kılınç : Les Arabes nous ont poignardés dans le dos !” Je l’ai relu. Oui, c’était bien ce qui était écrit. Inutile de dire que j’ai été complètement abasourdi. L’article avait été très vu, beaucoup cliqué.


Évidemment, je ne pouvais pas avoir prononcé une phrase pareille de cette façon. En réalité, j’avais dit dans mon intervention : “Certains disent : les Arabes nous ont poignardés dans le dos !”, et j’avais poursuivi en expliquant que cette affirmation avait été inventée par ceux qui voulaient rompre les liens de fraternité entre nous et les Arabes. Mais allez expliquer cela, le titre de l’article était tout autre. Le manque d’attention et de connaissances de celui qui écoutait et retransmettait… Et peut-être aussi une certaine appétence pour les clics…


La même chose s’est produite après la parution de mon article sur Gaza dans cette même chronique, le mercredi 9 avril. J’y rapportais diverses opinions et commentaires sur les discussions concernant l’évacuation des habitants de Gaza, et j’avais pourtant conclu l’article par ce message : “Face à l’occupation, la négociation n’est pas une solution. L’occupation ne peut être stoppée que par une force dissuasive, une puissance. Un pôle doté d’un poing de fer, que tout le monde dans le monde islamique écouterait d’une manière ou d’une autre, doit émerger et agir en étant prêt à tout risquer. Il n’y a pas d’autre solution.”


De plus, dans mon article intitulé “Déportation”, publié le 4 février 2025 dans cette même chronique, j’avais souligné que les plans d’évacuation de Gaza constituaient l’objectif fondamental des États-Unis et d’Israël, et j’avais expliqué pourquoi cela ne pouvait pas être possible. Dans plusieurs de mes écrits, j’avais également indiqué que l’on ne pouvait jamais faire confiance à Israël, que les engagements des sionistes n’avaient aucune valeur, que les Palestiniens étaient pris pour cibles partout, et que des expressions comme “solution à deux États” n’étaient que des leurres.


Malgré tout cela, sans même prendre la peine de lire l’article, des publications sur les réseaux sociaux ont mis en avant quelques extraits sortis de leur contexte — que j’avais moi-même présentés sous forme de citations. La majorité de ceux qui ont directement relié le sujet à la politique intérieure, tout en critiquant, renforçaient en réalité leur propre position. Nombreux sont ceux qui ont profité de l’occasion pour soulager leurs frustrations politiques. Certains sont même allés jusqu’à affirmer que cet article m’avait été “commandé par les hautes sphères”. C’est ce qui m’a le plus fait rire, pour être honnête.


La folie du lynchage a atteint un tel niveau qu’ils ont même adressé une plainte au foyer étudiant KYK de Tekirdağ, où j’avais donné une conférence la veille, en demandant : “Est-ce que vous donnez la parole à quelqu’un qui soutient la déportation des Gazaouis en Indonésie ?”


Cette étrange expérience m’a rappelé à quel point cette vieille maxime est juste : “Peu importe ce que tu dis, ce qui compte, c’est ce que l’autre comprend.”


Je suis, par nature, quelqu’un qui n’aime pas les disputes ni les débats. C’est aussi pour cela que je n’utilise pas les réseaux sociaux. J’ai beaucoup de travail devant moi, de nombreux livres à écrire ; mon ordinateur est rempli de projets neufs et inexplorés. De plus, je considère cette chronique, qui me permet de m’adresser au public deux fois par semaine, comme un “dépôt sacré” et je m’efforce d’en remplir le contenu avec cette conscience. Influencer les idées des gens est une opportunité qui peut avoir des conséquences — positives ou négatives — aussi bien dans ce monde que dans l’au-delà. Je m’efforce de ne jamais oublier cette réalité.


Malgré toute mon attention, le fait que des polémiques puissent surgir autour d’un sujet que je jugeais pourtant “suffisamment clair” selon mon propre avis, va évidemment me pousser à être encore plus vigilant. Mais face à des esprits résolus à ne pas comprendre, et programmés par des préjugés, il n’y a malheureusement rien à faire. Le seul problème, c’est qu’il y a trop de gens de ce genre. Eh bien, cela aussi fait partie des épreuves liées à l’acte d’écrire.


(À vrai dire, je n’avais aucune envie d’écrire ce texte “explicatif”, et je considère même comme une humiliation le fait de devoir me défendre face à ce public auquel j’ai été confronté. Mais je n’ai pas pu refuser la demande de quelques amis précieux.


Dans ce tumulte, je n’aurais pas souhaité gaspiller mon temps avec ces polémiques inutiles ni troubler la sérénité de vous, mes chers lecteurs. Pardonnez-moi, pour cette fois.)


#Moyen-Orient
#USA
#Israel
Commentaires

Bonjour, les commentaires que vous partagez sur notre site sont une ressource précieuse pour les autres utilisateurs. Veuillez respecter les autres utilisateurs et les différentes opinions. N'utilisez pas de langage grossier, offensant, humiliant ou discriminatoire.

Pas encore commenté

Soyez le premier à commenter

Cliquez ici pour recevoir les nouvelles les plus importantes de la journée par e-mail. Abonnez-vous ici.

En devenant membre, vous consentez à recevoir des communications électroniques de la part des sites d'Albayrak Media Group et acceptez les conditions d'utilisation et la politique de confidentialité.