Qui a exploité et sacrifié İmamoğlu ?

10:3016/04/2025, mercredi
MAJ: 16/04/2025, mercredi
Hüseyin Likoğlu

À Istanbul, une enquête que l’on pourrait qualifier de "corruption du siècle" est en cours. Elle vise un réseau dirigé par l’ancien maire métropolitain Ekrem İmamoğlu, soupçonné d’avoir orchestré un détournement de fonds dépassant le demi-billion. Les municipalités sont des institutions particulièrement sensibles: leur gestion comporte un risque élevé de corruption. Un adage bien connu illustre cette réalité: "Une municipalité ne peut ni imprimer de l’argent, ni exécuter un homme. Pour le reste,

À Istanbul, une enquête que l’on pourrait qualifier de "corruption du siècle" est en cours. Elle vise un réseau dirigé par l’ancien maire métropolitain Ekrem İmamoğlu, soupçonné d’avoir orchestré un détournement de fonds dépassant le demi-billion. Les municipalités sont des institutions particulièrement sensibles: leur gestion comporte un risque élevé de corruption. Un adage bien connu illustre cette réalité:
"Une municipalité ne peut ni imprimer de l’argent, ni exécuter un homme. Pour le reste, elle peut tout faire"
.

C’est pourquoi les enquêtes visant les responsables locaux ne manquent jamais. Les accusations visant les municipalités alimentent régulièrement le débat public. Après tout, une grande partie de la vie politique se joue au niveau local, à travers les mairies. Certaines enquêtes aboutissent à un acte d’accusation, suivi d’une condamnation ou d’un acquittement. D’autres, en revanche, sont classées sans suite dès l’étape du parquet, sans même qu’une poursuite judiciaire ne soit engagée.


À Istanbul, nous sommes confrontés à une situation sans précédent, jamais vue auparavant. Les ressources de la municipalité n’ont pas seulement servi à générer des profits illégitimes. Elles ont permis, ni plus ni moins, d'
"acheter"
l’ensemble du CHP. C’est la vie politique elle-même qui a été réorganisée !

Nous sommes face à une situation encore plus absurde que la célèbre réplique de Şafak Sezer dans le film Vizontele:
"Papa, ils ont volé la batterie. Ils ont ouvert le capot, et ils ont aussi pris la batterie. Tant qu’à ouvrir le capot, au moins laissez la batterie tranquille. S’ils n’avaient pas volé la batterie, on aurait pu dire que…"
. Un tel système de pillage défie toute logique. Même Escobar, souvent cité en exemple par le président Erdoğan, ne suffit pas à illustrer l’ampleur de ce scandale.

L'audace de demander un tribut en utilisant le pouvoir public !


Chaque nouvelle révélation dans cette enquête pour corruption, où un aide-plâtrier et un marbrier jouent les rôles principaux, renforce l’ampleur de la stupeur. Le pouvoir public de la municipalité a été utilisé pour exiger des tributs d’une manière que même la mafia n’oserait pas. Demander un dessous-de-table à quelqu’un qui sollicite un service municipal, passe encore… Mais comment peut-on extorquer de l’argent à un commerçant qui a déjà obtenu son autorisation d’exploitation et fait tourner son activité depuis des années ?


Comment pouvez-vous imposer à ceux qui travaillent pour la municipalité d'acheter des logements ou des commerces à des prix deux ou trois fois plus élevés que ceux du marché, en passant par votre propre entreprise de construction ? Comment exiger des paiements parallèles à ceux qui ont déjà réglé toutes les formalités légales et souhaitent simplement obtenir leur permis d'exploitation ?


Passons sur tout cela, mais comment osez-vous accomplir ces actes avec une telle impunité, une telle audace ? À mon sens, c’est là le véritable cœur du problème… D’où tirez-vous ce courage de faire, aussi librement et sans crainte, des choses que quiconque ayant un minimum de connaissance du droit et de l’État n’aurait jamais osé faire ?


Des millions sont transférés en espèces vers les banques. Comment peut-on ne pas craindre qu'une telle somme d'argent liquide déposée en main propre ne suscite des soupçons de la part de la banque, ne mène à une enquête fiscale ? Oubliez la villa, oubliez l'appartement, mais comment peut-on, dans une zone où même un terrain suffisant pour construire une niche pour chien ne coûterait pas moins de 5 millions, vendre une villa pour cette somme sans jamais se poser de questions ?


Je pense que certaines personnes ont utilisé Ekrem İmamoğlu et l’ont jeté après l’avoir exploité !


Comment peut-on, en payant d’avance pour louer une villa dans l’un des quartiers les plus huppés d'Istanbul, où même les plus riches ne résident que rarement et préfèrent louer, ne pas se dire:
"Dans ce pays, les inspecteurs des finances sont partout, on parle même de taxer les pourboires des serveurs ; est-ce qu'ils ne vont pas finir par me rattraper ?"

À partir de tout cela, voici la conclusion que j’en tire: je pense que quelqu’un a dit à Ekrem İmamoğlu:
"Vas-y ! Peu importe ce que tu fais, tout te profite. Cela te sert politiquement. Personne ne pourra t’arrêter".
Et, en conséquence, il a agi dans son propre intérêt.

Certaines personnes, de manière brutale, impitoyable et précipitée, ont tiré profit de la situation via Ekrem İmamoğlu. Je pense qu’il a été utilisé et jeté. À partir de maintenant, il faut se concentrer sur ceux qui ont orchestré cela. C’est à ce moment-là que l’on découvrira où l’argent a été détourné et quels étaient leurs véritables objectifs. Car cette manœuvre provient d’une autre intelligence, et il est crucial de prendre au sérieux l’esprit de ceux qui ont utilisé et éliminé Ekrem İmamoğlu.


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