L'acte terroriste perpétré par Israël au Liban au moyen d'appareils électroniques a révélé une fois de plus la nécessité d'une technologie nationale. Oui, la technologie nationale est une nécessité, mais est-elle possible ? Feu Mehmet Akif avait proposé une formule telle que "prendre la technique de l'Occident et rejeter sa moralité" afin d'atteindre et de dépasser le niveau de l'Occident en matière de science et de technologie. La formule qu'Akif et les derniers intellectuels ottomans ont fermement
L'acte terroriste perpétré par Israël au Liban au moyen d'appareils électroniques a révélé une fois de plus la nécessité d'une technologie nationale. Oui, la technologie nationale est une nécessité, mais est-elle possible ?
Feu Mehmet Akif avait proposé une formule telle que "prendre la technique de l'Occident et rejeter sa moralité" afin d'atteindre et de dépasser le niveau de l'Occident en matière de science et de technologie. La formule qu'Akif et les derniers intellectuels ottomans ont fermement défendue est aujourd'hui exprimée comme "l'ordinateur dans une main, le Coran dans l'autre". Cependant, nous constatons que cette formule, qui a été présentée à la nation il y a une centaine d'années comme une solution aux conditions et aux connaissances de l'époque, a perdu sa validité. Il n'est pas possible de séparer la technique de la morale et la morale de la technique.
La plupart des dispositifs techniques que nous utilisons largement aujourd'hui sont le résultat de la recherche d'armes de guerre et même d'armes de destruction massive. L'avidité effrénée du capitalisme pour le profit a également contribué à la production de la technologie et à la placer au centre de nos vies en la commercialisant comme une nécessité.
Un musulman peut-il, tout en restant musulman, produire une telle technologie ? Un musulman peut-il, tout en restant musulman, rechercher ou produire une arme capable de détruire des villes entières, parfois sans viser les enfants, les femmes, les personnes âgées ou les handicapés ? La production avec l'exploitation du travail, la consommation illimitée des ressources, la pollution de l'environnement, l'attrait de la publicité, le marketing avec des méthodes diaboliques, la concurrence acharnée, l'avidité du profit qui exclut les concepts de conviction et d'abondance, l'enrichissement au profit de l'appauvrissement, l'encouragement de la consommation de luxe peuvent-ils être une approche musulmane ?
C'est en broyant le christianisme au fil des siècles que l'Occident a atteint le niveau scientifique et technologique qui est le sien aujourd'hui. Il a cru "glorifier le christianisme" tout en exploitant impitoyablement le monde, et en menant une "guerre sainte" tout en commettant des génocides. Aujourd'hui, il existe encore en Occident une religion qui cautionne le génocide à Gaza, par exemple, ou qui légitime la perversion LGBT, et elle exerce encore une influence sur les sociétés occidentales, même si elles sont laïques, séculières, athées. La plus grande erreur des intellectuels musulmans, et avec eux des intellectuels irréligieux ou éloignés de la religion dans les sociétés islamiques, a été de penser l'aventure de l'Occident au cours des siècles et aujourd'hui comme séparée de la religion, de la morale et de la culture.
Comment se hisser au niveau des civilisations contemporaines, sans doute en changeant de religion, ou en rendant la religion obsolète. Les élites de la République ont dû s'en rendre compte, puisqu'elles ont fait la guerre à l'Islam, alors que si elles avaient tenté de façonner ou de "ficher" l'Islam au lieu de le combattre, le résultat aurait peut-être été différent. Le processus de transformation a commencé bien plus tard et nous avons aujourd'hui des générations qui ont "un ordinateur dans une main et le Coran dans l'autre" mais qui sont déboussolées et foncent dans l'inconnu comme un camion dont le frein est cassé.
Existe-t-il une autre voie ? Si c'est le cas, nous ne le savons pas. Cela fait 150 ans que nous cherchons cette autre voie.
Ce que nous savons, c'est qu'en important de la technologie, nous importons aussi de la moralité. Comme le montre l'exemple du Liban, en important de la technologie, nous importons des bombes qui nous nuiront et que nous payons nous-mêmes. Il s'agit d'une question qui ne peut être rejetée comme la "stupidité du Hezbollah", car chaque appareil que nous utilisons en Türkiye, des voitures aux climatiseurs, des téléphones portables aux aspirateurs robots, connectés à l'internet ou aux satellites, peut se transformer en une arme pour nous surveiller et nous écouter, même s'il ne s'agit pas d'une bombe physique. Comment savoir si ce n'est pas le cas ?
Nous n'avons pas encore la réponse à la question de savoir comment les musulmans peuvent produire de la technologie tout en restant musulmans, mais au moins jusqu'à ce que nous trouvions cette réponse, nous devons prendre des décisions radicales pour la technologie que nous utilisons. Un pays où les technologies d'origine étrangère peuvent circuler si facilement, si librement, ne pourra jamais être indépendant.
L'incident du Liban nous a montré que nous devons produire nous-mêmes la technologie dont nous avons besoin. Mais ne perdons pas de vue que nous devons aussi nous éloigner le plus possible de ce que nous ne pouvons pas produire. La Russie l'a fait et le fait encore ; pourquoi ne pourrions-nous pas le faire ?
